Traversée des Pyrénées entre GR et HRP

Traversée des Pyrénées entre GR et HRP

Etape 32 : Col de Tentes - San Nicolas de Bujaruelo

Dimanche 9 Juillet 2017

Etape 32 : Col de Tentes – Col de Boucharo (2271m) – Col des Sarradets – Brèche de Roland – Taillon (3144m) – Col des Gabiétous 2935m – Pic des Gabiétous Oriental (3031m) – Pic des Gabiétous Occidental (3035m) – col 2874m – Forqueta de Gabieto 2516m - Barranco de Forqueta – Camino de Gavarnie – San Nicolas de Bujaruelo

 

Nous avions quitté le col de Tentes dans le brouillard froid un soir de juillet 2016, c’est sous un ciel gris et froid de juillet 2017 que l’on reprend la marche en direction du cirque de Gavarnie. Nous sommes raccords donc avec le tracé et la météo ; néanmoins nous avons encore une bonne visibilité. 7h47 le top départ est donné avec enthousiasme. Il reste très peu de neige sur les hauteurs du cirque, nous ne devrions pas être gênés avec les névés. Seulement 21 minutes pour se rendre au port de Boucharo. Le port de Boucharo est un des plus anciens et des plus fameux passages de la chaîne pyrénéenne. Entre les hauts massifs du Vignemale et de Gavarnie, dont l’altitude dépasse les 3000 mètres, ce port ne s’élève qu’à 2270 mètres, constituant ainsi un passage relativement aisé entre les versants Nord et Sud. Il constitua pendant longtemps un passage privilégié pour le commerce, la transhumance de bétail et le sentier de Saint Jacques de Compostelle. En 1h45 nous serions rendus à San Nicolas de Bujaruelo. Mais aujourd’hui les jambes nous démangent, alors on met le cap sur les hauteurs.

 

Versant Nord du Taillon

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En chemin vers le port de Boucharo

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Depuis le col des Tentes, il ne faut que 21 minutes pour se rendre au port de Boucharo. Il n’y a plus de neige sur le sentier qui longe la face Nord du Taillon. La marche en est facilitée. Le passage de la cascade du glacier du Taillon passe sans difficulté, un petit raidillon et nous voilà rendu au col des Sarradets à 9h11 pour 1h21 de mise en jambe. Nous ne faisons que passer au refuge des Sarradets, et l’on constate que les travaux de rénovation entamés un an plus tôt, ont bien avancé. Le refuge se met aux nouvelles normes et en profite pour s’agrandir. Nous observons, intrigués, la brèche qui disparaît doucement dans les nimbes de brume. Phénomène de la nature, célébrité légendaire, vedette touristique, la brèche que le chevalier Roland ouvrit d’un coup d’épée dans la muraille du cirque, nous attire comme un aimant. La montée à cette fameuse brèche de Roland se passe en deux temps. La première partie du feu glacier est déjà sans neige, puis au niveau d’un palier, nous trouvons la neige ainsi qu’un cortège de randonneurs ibères, jusqu’à la brèche.

 

La brèche à deux pas

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Nous passons facilement sans crampons. 9h52, et 1h51, la brèche de Roland est franchie. Dans la brèche, il y fait froid et le vent est bien présent ; visibilité nulle. Bouche géante dans cette atmosphère contrariée, c’est une soufflerie géante. Avec ses 2807 mètres, cela vaut pour beaucoup un sommet. Pourtant nous choisissons de poursuivre vers la cime du Taillon. On ne voit rien à plus de 10 mètres mais l’itinéraire ne donne pas l’ombre d’un doute. La pente est soutenue mais jamais extrême. On suit un vague sentier qui remonte la large arête Est. Nous arrivons seuls au sommet du Taillon à 10h43, après 2h35 d’ascension continue. Le vent est vif, il fait réellement froid, il faut vraiment se couvrir. Et toujours aucune visibilité. Le pic du Taillon est le 3000 le plus facile d’accès de tous les hauts sommets du cirque de Gavarnie (3144m). Le panorama est parait-il superbe sur les canyons, et très étendu par temps clair. Cela fait trois fois que je le gravis, et trois fois qu’il y fait moche. Pour moi, tout est normal donc !

 

Au sommet du Taillon

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Que faire à présent, revenir sur nos pas jusqu’à Boucharo ou poursuivre sur l’itinéraire initial en passant par deux nouvelles cimes, en crête ? Comme il ne pleut pas, nous tentons notre chance, et l’on poursuit la marche en crête. Hélas, une erreur de cap dans ce brouillard dense, et nous voilà sur la mauvaise arête, plein Sud. Nous corrigeons cette erreur rapidement, qui aurait pu être fatale dans un secteur où les à-pics ne manquent pas, et nous retrouvons « notre » crête. Elle ne présente pas de difficulté notable, quelques pas de désescalade en III tout au plus, mais rien d’extrême. C’est avec surprise que nous parvenons au pic des Gabiédous Est (Oriental) à 11h59, pour 3h35 de marche. Et un 3000 de plus dans notre petite collection ! La bonne surprise est que la météo semble évoluer favorablement, alors nous prenons le repas sous le pic, à l’abri du vent. Yannick va jouer quelques airs d’harmonica pour respecter la tradition qui est la nôtre depuis quelques années.

 

Sur la crête des Gabiédous

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Au sommet du pic des Gabiédous Est

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On se remet en marche à 12h54, en passant par un vague sentier sous la crête, et hop nous nous hissons sur le pic des Gabiédous Ouest (Occidental) à 13h15. Lorsque le rideau de brouillard se déchire, il laisse entrevoir des difficultés techniques sur la crête, alors nous quittons définitivement cette dernière ; et comme de nombreuses éclaircies laissent apparaître le paysage, nous marchons à présent à vue. La journée prend un tournant favorable, déjà trois sommets de plus de 3000 mètres gravis, et le bleu du ciel qui fait son apparition. Nous sommes à la recherche d’un col pour changer de vallée. Un col, que dis-je, un point bas, une faiblesse sur l’arête des Gabiédous. Dans ce jeu de recherche à vue, nous sommes descendus un peu trop bas. On doit donc gravir un infâme cône de déjection bien croulant, pour reprendre de la hauteur ; c’est épuisant, il fait même trop chaud à présent. Enfin, 15h40, le col 2874 mètres est atteint. Cela fait 5h52 que l’on marche. On engage sans trainer la descente dans ce nouveau couloir tout aussi croulant que le précédent, mais pas désagréable cette fois.

 

Tapis croulant

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La même chose vue de plus bas ; contraste des roches

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Le végétal côtoie avec grâce le minéral

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Au pied du couloir, de bons cairns et quelques balises rouges nous mettent sur la bonne voie pour aller, tout en balcon, rattraper le col 2516m, complètement improbable à trouver dans ce sens. Il est 17h43. Le beau temps s’installe peu à peu, il semble vouloir nous accompagner pour l’ultime descente. Celle-ci se compose d’une première partie sur un terrain très pierreux, puis débouche sur une plate-forme herbeuse, repère des marmottes. Ici né un torrent qui va créer une gorge dont il faut se méfier. L’itinéraire doit passer sur la rive gauche orographique du cours d’eau. Il n’y a pas de sentier, c’est pleine pente dans la pelouse. L’inclinaison est très raide, trop pour moi, alors je vais chercher un peu de facilité relative dans un éboulis. Une fois le sentier venant du port de Boucharo rejoint, il n’y a plus qu’à le suivre sans se poser la moindre question. Il débouche directement sur le site très bucolique de San Nicolas de Bujaruelo, un lieu idéal pour venir passer un bon moment de fraicheur en montagne. Nous terminons cette journée avec au chrono 7h46 de marche. Une longue journée pour cette entrée en matière. Et au final, une belle journée, malgré le manque de visibilité matinal.

 

En chemin vers la vallèe

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Un peu plus bas, les iris des Pyrénées sont au pic de la fleuraison

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Nous retrouvons Marc, qui est parvenu ici par l’itinéraire le plus direct, et c’est autour d’un demi-litre de claras (bière coupée de limonade aromatisée au jus de citron) que nous fêtons nos retrouvailles. Le refuge a tout de l’hôtel, si ce n’est que nous dormons dans un dortoir. La douche y est chaude et gratuite, le wifi et même du réseau téléphonique. Un repas pantagruélique sera servi à 20h30 : pates à la carbonara, salade composée, énormes travers de porc et une banane. Il fallait au moins ça pour nous remettre d’aplomb. Nous nous couchons à 22 heures sous un ciel très clair qui augure une nouvelle belle journée. Et du beau temps il nous en faudra impérativement, pour aller au-devant du grand Vignemale par son versant Sud.

 

San Nicolas de Bujaruelo

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La journée en chiffres :

Temps de marche : 7h46 - Distance : 18,2km - Vitesse : km/h

Dénivelé positif : 1216m - Dénivelé négatif : 2047m

Altitude maxi : 3144m - Altitude mini : 1393m


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16/01/2017
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