Traversée des Pyrénées entre GR et HRP

Traversée des Pyrénées entre GR et HRP

Etape 33 : San Nicolas de Bujaruelo - Refuge de Bayssellance

Lundi 10 Juillet 2017

Etape 33 : San Nicolas de Bujaruelo – Ibòn de la Bernatoire – Col de la Bernatoire (2336m) – vallée de la Canau – GR10 – barrage d’Ossoue – Refuge de Bayssellance – Petit Vignemale (3032m) – Refuge de Bayssellance

 

Si dans la vie de tous les jours il est habituel de parler du temps qu’il fait pour oublier le temps qui passe, en montagne il est important de parler du temps qu’il fera car il conditionnera la qualité du temps que l’on passera. Et justement ce matin c’est bien de météo qu’il s’agit. Un orage violent s’est abattu à 2h30 durant la nuit. Au lever du jour à 5h50, le ciel est encore gorgé d’eau. Avec Yannick, nous devions partir vers le couloir de la Moskowa, mais avec un tel risque d’orage, ce ne sera pas possible. Nous suivons donc Marc pour un itinéraire bis, en espérant rallier le refuge de Bayssellance sans subir la pluie. Nous partons à 7h05 en reprenant le sentier de la veille. Le sentier est entièrement détrempé ; l’orage nocturne a dû déverser des quantités d’eau impressionnantes. Nous abandonnons l’itinéraire du port de Boucharo pour tourner à gauche vers l’ibon de la Bernatoire. La pente est soutenue mais nous traversons des prairies joliment fleuries, où l’iris des Pyrénées éclaire élégamment de son mauve profond, ce vert pâturage. L’atmosphère humide rend la montée très pénible.

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Marc qui avale les pentes comme on avale de l’huile de foie de morue, c’est à dire d’une traite, s’échappe largement devant. Je suis un peu à la peine ; Yannick m’accompagne patiemment. Nous devons faire une pause pour se couvrir du froid et grignoter une barre. Lorsque nous repartons, nous constatons que l’ibòn de la Bernatoire était tout proche. Le lac de la Bernatoire, posé sur la crête du partage des eaux, ne reçoit aucun ruisseau, et ne doit son existence qu’aux infiltrations. C’est un bel étang d’un vert superbe, lové dans un cratère, d’où aucune eau ne s’échappe. En réalité, par infiltration, ses eaux ressurgissent 200 mètres plus bas au Sud. Le brouillard joue au-dessus de la surface de l’eau à dévoiler, à sa guise, ce petit joyau ; nous parvenons sur sa berge à 9h32, en 2h11. Il ne faut que 8 minutes pour se rendre au col éponyme [2h19]. Par ce col, nous revenons en France et pour la première fois, c’est sur ce versant qu’il y fait le moins moche.

 

Lac de la Bernatoire

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Au col, il y est fait vraiment froid

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Nous basculons dans des pelouses où la perte de dénivelé est rapide et agréable. Plus nous perdons du dénivelé et meilleure est la météo. Lorsque nous arrivons à la mi-journée au fond de la vallée d’Ossoue, on peut déjà se réjouir d’avoir échappé, pour un temps, à la pluie. Il est 11h09, pour 3h45 de marche, lorsque nous traversons le barrage d’Ossoue. Le vent souffle, il est vif. Pour se mettre à l’abri tout relatif de cet intrus désagréable, nous partons tout au fond de la retenue d’eau ; c’est là que nous prendrons le repas. Il est 11h35 [4h10].

 

La montagne est vivante

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Orchis tachetés

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Barrage d'Ossoue

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Sur les cimes, les nuages dansent pendant notre pause. Se lèvera ou se lèvera pas ? A priori, les conditions météorologiques évoluent favorablement bien. Et comme il ne nous reste plus que de la montée pour se rendre au refuge de Bayssellance, et conclure la journée, alors nous en profitons pour se prélasser au bord du torrent au son de l’harmonica de Yannick. La vie est douce au bord de l’eau. Nous reprenons la marche à 12h57, en suivant le bon sentier du GR10. Il monte progressivement, n’est en rien traumatisant. De mon côté, je suis bien moins marqué par la fatigue, que ce n’était en début de journée. Un temps d’adaptation sans doute ! Marc assure un tempo régulier qui convient à tous.

 

Le ruisseau des Oulettes

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Le sentier parfaitement tracè

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En s’élevant, le décor qui nous entoure dévoile le gigantisme qui illustre ce massif. C’est une découverte pour moi ; j’en reste coi. Quelle tristesse de constater la disparition des glaciers qui faisaient toute la splendeur de ce massif. Le comte Henry Russell qui s’était offert le Vignemale pour 1 franc symbolique, doit se retourner dans sa tombe. En parlant du célèbre comte, nous voici rendus aux grottes de Bellevue. Ceux sont 3 habitats troglodytes qu’il avait fait percer au niveau du glacier. Ces grottes sont les témoins du recul inéluctable du glacier face au réchauffement climatique. Depuis les grottes, il ne reste plus que 30 minutes pour se rendre au refuge ; à moins que nous partions voir de plus près ce qu’il reste du glacier d’Ossoue ? Un vent fort et froid se lève soudainement, suivit de quelques gouttes : cap sur Bayssellance. Nous parvenons au célèbre refuge à 14h47, heureux d’avoir échappé à la pluie. Le refuge de Bayssellance construit en 1899, est le second refuge édifié dans les Pyrénées après celui des Cortalets au Canigou. A 2650 mètres d’altitude, ce refuge demeure le plus haut refuge gardé dans les Pyrénées. Fin de la journée en 5h57. Fin, pas tout à fait.

 

Grotte de Bellevue

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Le Petit Vignemale au tout premier plan

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On se trouve à deux pas d’un seigneur Pyrénéen. C’est là que culminent les Pyrénées françaises, c’est là aussi que subsiste un des plus grands glaciers de la chaîne. Le Vignemale est l’une des plus belles montagnes des Pyrénées ; il serait dommage de ne pas s’en approcher encore un peu plus. Comme il est encore tôt pour une journée estivale, « seulement » 1800 mètres de dénivelé positif dans les jambes, le temps pas trop mauvais, toutes les conditions sont réunies pour gravir un sommet. Ce sera le Petit Vignemale. Nous prenons une boisson chaude, on déleste nos sacs du superflu, et à 15h47, nous repartons vers une ultime grimpette. Marc ne peut décemment pas nous laisser monter seuls et se joint à nous. Allez, go ! Hourquette d’Ossoue vite gravi, nous prenons pleine pente vers ce 3000 facile. Aucune difficulté de cheminement, euphorie des cimes, plaisir d’être là, je foule les 3032 mètres de la cime du Petit Vignemale le premier, à 16h35, pour seulement 6h44 de marche.

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Le glacier des Oulettes de Gaube sous la Pique Longue

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Le panorama est grandiose dans toutes les directions. Un panorama de qualité mondiale ! Une vue fastueuse ! La Pique Longue nous domine de plus de 260 mètres, le glacier d’Ossoue à nos pieds s’étire sur des dalles polies, le cirque de Gavarnie à l’Est pose majestueusement, le Balaïtous et l’Ossau à l’Ouest, et une multitude de sommets dépassant les 2900 mètres. Tout est grandiose ici. Un panorama de classe mondiale vous dis-je. La joie d’être là est indescriptible ; avec Yannick, nous nous offrons un très long moment au sommet, n’arrivant pas à nous résoudre à quitter la place.

Retour au refuge à 18h08, ce qui porte à 7h28 le temps de marche total. C’est une réussite sur toute la ligne, compte tenue des conditions météo matinales médiocres. Nous espérions tant le Vignemale, mais sans regret, nous y reviendrons. Le repas est servit à 19 heures, et le coucher pour tous à 22 heures. Cet acte est bien lancé.

 

Le cirque de Gavarnie à l'Est

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Le Balaïtous à l'Ouest

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La journée en chiffres :

Temps de marche : 7h28 - Distance : 19,5km - Vitesse : km/h

Dénivelé positif : 2173m - Dénivelé négatif : 973m

Altitude maxi : 3032m - Altitude mini : 1368m

 

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16/01/2017
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