Etape 15 : Refuge de l'étang du Pinet - Refuge de Certascan
Mercredi 30 juillet 2014
Etape 15 : Refuge de l'étang du Pinet - sentier "Porta del Cel" - étang de Montestaure - Port de l'Artigue (2481m) - Estany de Romèdo de Dalt - Refuge de Certascan
J’ai passé une nouvelle bonne nuit. Il semble que j’ai trouvé mon rythme de croisière au niveau du sommeil. Par contre, à notre lever, il y a toujours cette couverture nuageuse si basse qu’elle recouvre les sommets. C’est un nouveau jour de grisaille qui s’annonce, et nous sommes devant l’étape la plus floue de ce périple. Nous allons emprunter le sentier de « La Porta del Cel », tracé par le gardien du refuge de Certascan. C’est globalement du hors-sentier dans des passages très flous sur le versant français, et plus évident en versant espagnol.
Avec Yannick, nous quittons le refuge de l’étang du Pinet à 9h05, alors que Mehdi qui trépignait d’impatience est déjà parti en éclaireur. Pour trouver le pseudo sentier, il faut repartir en direction de l’étang d’Estats, mais après seulement 10 minutes, il faut le quitter et descendre dans le ravin, à droite.
Le passage assez vertical qui descend jusqu’au canyon, est équipé d’un câble. Puis, on traverse facilement le ravin, grâce au solide névé qui le recouvre. On prend pied sur la pelouse, où Mehdi nous observant de plus haut, nous indique comment remonter, puis, tel un isard, il disparaît. Une fois dans les pelouses supérieures en dévers, on croise un long névé qui nous oblige à cramponner pour effectuer, en sécurité, sa traversée. Nous sommes trop hauts de 150 mètres sur le sentier théorique, mais avec le brouillard, il nous est bien difficile de se caler sur une courbe de niveau. Nous perdons le dénivelé afin de contourner une barre rocheuse et l’on retrouve enfin le balisage jaune. Ces balises sont rares, et avec les nombreuses sentes de moutons, cela rend notre progression très lente.
Au passage d’un orri en ruine proche d’une source, je débusque une grosse vipère qui sommeillait dans les hautes herbes humides. Yannick ne résiste pas à son attrait pour les reptiles, et il va jouer avec cet animal si rare et si fascinant. Il faut dire que la faune est bien discrète, pour ne pas dire absente, en Ariège.
Nous la laissons retourner à sa quiétude, et nous montons à une sorte de col (col sous le Picou Stèle) où la suite est peu évidente, dans ce brouillard. Il est déjà 11h, nous en profitons pour faire une pause et s’interroger sur la suite du parcours. Le GPS va répondre pour nous, en nous guidant sans faillir, au milieu d’un dédale de blocs de granit complètement disloqués. Nous sommes sous la Pointe de Montestaure, un sommet à l’allure austère et inaccessible. Quand subitement, le sentier vient buter sur un couloir herbeux, terriblement raide. C’est un véritable couloir d’alpinisme pour l’hiver, la pente doit avoisiner les 50°. C’est une réelle épreuve que de gravir cette rampe, heureusement relativement courte. Nous baptiserons ce couloir : l’abomination d’Hadès. La « Porta del Cel » nous mènerait-elle vers les enfers ? Toujours est-il que c’est un itinéraire pour randonneurs expérimentés. En haut de ce col anonyme, on se trouve sous la Pointe de Recous, une cime secondaire du secteur. Nous passons sur le versant opposé en suivant un chemin en balcon, très court, puis dans une trouée apparaît l’étang de Montestaure loin en bas. Un couloir de pierres, complètement croulant, nous y mène. A descendre, ce n’est pas simple, alors à monter, c’est à oublier de-suite. Nous parvenons sur un promontoire rocheux qui surplombe l’étang après 2h42 de marche ; il est 12h30. C’est ici que l’on se pose pour prendre le repas. Nous apercevons Mehdi, en bas sur la berge, en train de faire un brin de lessive. On s’accorde une heure de pause, et l’on repart à 13h30, à trois compagnons cette fois.
La suite passe par une descente, sans difficulté, le long du torrent venant de l’étang. Puis, le sentier nous conduit à une jasse où l’on va récupérer le GRT qui arrive du fond de la vallée de l’Artigue. Il faut tourner à gauche, et reprendre du dénivelé pour aller chercher le Port de l’Artigue. La montée vers ce nouveau col frontalier est rendu pénible par la présence de blocs énormes et pas toujours stable.
Heureusement de nombreux névés recouvrent cette langue rocheuse, ce qui nous aide bien. Le Port (2481m) est franchi à 14h45 et une bonne surprise nous attend par delà la frontière : le ciel est bleu en Espagne. Fini le brouillard, enfin !
Nous entrons dans le Pallars Sobira catalan avec le soleil qui nous manquait tant. La descente est raide mais pas trop difficile. Durant cette perte de dénivelé, je sens que la fatigue s’est lentement installée en moi. Je n’arrive pas à suivre la cadence infernale de Mehdi, ni même Yannick qui pourtant m’attend.
Quand le vent se lève, il fait froid, puis il retombe et il fait trop chaud, puis à nouveau froid, et à nouveau chaud. Cela aussi fatigue l’organisme qui a du mal à thermo-réguler convenablement, mais plus on avance et plus il fait beau et chaud durablement. La découverte des étangs de Romedo est un enchantement. Le sentier nous conduit d’abord à l’Aiguamoll de Guilò où nous faisons une bonne pause casse graines avec Yannick.
Durant ce moment de détente, nous observons aux jumelles, les premiers isards de cet Acte II. Sur ce versant de montagne, ils sont plus respectés qu’en Ariège, et ils le savent bien ; ces funambules des cimes se prélassent au soleil.
On resterait plus longtemps sur ces pelouses grasses et douillettes, mais il y a encore beaucoup à parcourir. On descend à l’étang de Romedo de Baix où un barrage a permis de relever la côte maximale de cet étang naturel.
Après avoir traversé la retenue d’eau, on quitte la piste qui descend loin dans la vallée jusqu’au village de Tabascan, et nous remontons jusqu’à l’Estany de Romedò de Dalt. C’est un plan d’eau superbe, agrémenté d’une petite île où règne un pin à crochets isolé.
La grimpette se poursuit rapidement jusqu’à un nouveau col sans nom, d’où l’on aperçoit pour la première fois au loin, le refuge qui va nous héberger. S’ensuit une nouvelle descente car le terrain ne permet pas de partir à flanc de montagne, puisqu’il y a de nombreuses barres rocheuses à contourner. Cela nous coûte une perte de dénivelé de 200 mètres qu’il faut aussitôt reprendre pour se rendre au refuge.
Nous arrivons au terme de cette étape à 18h32, après 7h05 de marche sur des terrains typiquement montagnards. Cette étape qui devait nous remettre dans le sens de la marche vers l’Ouest, tout doucement, fut plus difficile que prévue, et a laissé des traces dans nos organismes. Il faut dire que la grisaille de la première partie de journée, fut aussi usante qu’une ascension. Et le terrain « Ariégeois » n’était pas fait pour avancer vite.
Après une douche rapide à l’eau froide pour moi, on passe à table à 19h30. Un bon repas nous est servi, composé de soupe, salade, cannellonis, mais il n’est pas aussi copieux que celui de la veille. Qu’importe, c’est bon et chaud, l’essentiel y est. Nous montons nous coucher à 21h30 et le lever est prévu à 6h00. Une nouvelle longue étape nous attend demain.
La journée en chiffres :
Temps de marche : 7h05 - Distance : 15,1 km - Vitesse : 2,6 km/h
Dénivelé positif : 1274 m - Dénivelé négatif : 1308 m
Altitude maxi : 2481 m - Altitude mini : 2017 m
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