Traversée des Pyrénées entre GR et HRP

Traversée des Pyrénées entre GR et HRP

Etape 16 : Refuge de Certascan - Salau

Jeudi 31 juillet 2014

Etape 16 : Refuge de Certascan - coll de Certescan - Estanys de Guerossos - Estany de Flamisella - Estany del Port - Port de Marterat - col de Crusous - cabane de Saubé - Anciennes mines d'Anglade - Salau

 

Nous sommes à l’aube d’une nouvelle grosse étape, avec beaucoup de dénivelé négatif, qui doit nous ramener en France. Il fait enfin grand beau lorsqu’on met le nez dehors. Le panorama s’est ouvert sur la Catalogne, et avec lui le moral revient. Comme Mehdi a des fourmis dans les jambes, il part seul gravir le pic de Certascan Sud, alors qu’avec Yannick, nous avons choisi d’éviter ce sommet. Nous convenons d’un rendez-vous avec notre camarade, sur la suite de l’itinéraire, et nous quittons le refuge à 7h15.

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Le sentier, évident, balisé de rouge et blanc, prend la direction du grand lac de Certascan. En deux pas, nous le découvrons et là c’est le choc ! Nous sommes devant un miroir immense. Toutes les cimes se mirent dans l’eau limpide. Quel spectacle de bon matin ; c’est d’une beauté qui dépasse toute description. Un enchantement. Nos appareils photos crépitent sous l’œil amusé d’un isard, qui regarde la scène dans notre dos.

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Nous poursuivons le tour du lac, considéré par les Catalans, comme la plus grande retenue d’eau des Pyrénées ; on quitte la berge du lac au niveau d’un torrent qui l’alimente, et de ce point, on remonte plein Ouest, d’abord dans de la roche rouge, puis dans des pelouses. Au niveau d’un grand replat où pâturent des vaches, et plus haut des isards, il faut rester toujours plein Ouest et ne pas se laisser influencer par le vaste col au Sud, donc à notre gauche. A partir d’ici, la pente se redresse fortement, et de longs névés recouvrent partiellement cette combe.

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C’est nettement plus agréable de monter dans la neige, je n’en peux plus de la caillasse ! Il est 8h42 quand nous parvenons au col de Certascan (2588m). Nous n’avons mis que 1h08 pour l’atteindre. De là, on aperçoit Mehdi qui est déjà au sommet du pic éponyme. Dans notre dos, on jette un dernier coup d’œil sur le massif de la Pique d’Estats qui ne nous a pas voulus, 48 heures plus tôt, puis l’on bascule dans l’autre versant.

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Au loin, le massif des Besiberris

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La descente est facile, donc rapide. On fait une halte à l’Estany Blau de Guerossos, à 9h15, histoire de réduire l’écart entre Mehdi et nous. Puis l’on poursuit notre marche sur un beau sentier qui nous permet de découvrir que les eaux de l’étang jaillissent en cascade pour former un premier petit étang en contre bas, puis un second plus étiré.

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C’est au niveau de ce laquet, que l’on quitte le sentier de la « Porta del Cel », pour partir plein Nord. On devine un col étroit entre 2 éminences. Yannick prend trop à gauche et va s’empêtrer dans les roches et les arbres, alors que je reste bien dans la pelouse, où je trouve même une sente. Au collet culminant à 2240m, je bâtis un gros cairn pour indiquer notre passage à Mehdi, puis l’on descend à nouveau. On arrive aussitôt à l’Estany de Flamisella, lieu de rendez-vous supposé. Nous y parvenons à 10h15. On se pose un instant pour faire un nouveau point cartographique, mais un troupeau de chevaux en manque de sel, va venir nous harceler. Que c’est pénible un cheval têtu ! Leur entêtement à fouiller dans nos sacs va nous pousser à monter au dessus de l’étang et à nous jucher sur des rochers, pour avoir le calme.

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Nous avons face à nous le magnifique étang de Flamisella d’où l’on peut voir un nombre incroyable de truites. Le lac de Flamisella est d’une rare beauté ; entouré de pelouses, il est encadré par la forêt de pins, et dans ses eaux limpides miroitent les tours rouges de Guerosso. C’est un paradis réellement ignoré. On a aussi en ligne de mire, le petit col d’où devrait arriver Mehdi, mais il n’apparaît toujours pas.

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Il nous faut pourtant avancer, alors nous allons fortement « cairner » la suite de l’itinéraire, pour lui donner des indices. Un petit regard sur le GPS pour se remettre dans le bon axe, et l’on finit par trouver une vieille sente et quelques cairns. C’est du hors sentier, mais visiblement fréquenté occasionnellement. Il s’agit de rester de niveau, marcher à flanc en corniche, pour passer au dessus d’un rognon rocheux. Le sentier ancien est peu marqué mais jalonné de quelques cairns. Nous arrivons au dessus de nouveaux étangs, et nous devons perdre un peu de dénivelé dans des éboulis, pour aller retrouver le sentier du GR Transfrontalier. Nous sommes rendus au bord de l’Estany del Port à 11h55.

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On fait toute la traversée de l’étang et à 12h05, à l’abri d’un léger vent semblant arriver de France, nous prenons notre repas. Que le repos est doux pour nos jambes déjà lourdes ! Il fait si chaud, que pour ne pas bruler, je vais manger sous ma veste, c’est dire. Cette halte est un régal. Je suis bercé par le son mélodieux de l’harmonica de Yannick. On ne quitterai pas un lieu aussi enchanteur. Et toujours pas de Mehdi ?!? Pourtant, à 13h25, il faut poursuivre notre marche en direction du Port de Marterat. La petite grimpette est facile, dans une belle pelouse, et nous franchissons le col frontalier à 14h. En plus des chevaux qui nous accueillent au col, c’est le brouillard qui fait son retour, ou du moins, c’est nous qui le retrouvons.

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Côté France, il n’y a rien à voir, c’est le blanc total. Nous retrouvons aussi versant Nord, le paysage tourmenté typiquement Ariegeois, composé de gros blocs de granit qui recouvrent la combe. Nouvelle descente facile qui nous conduit à la solide cabane de Marterat à 14h20 ; voilà 4h que nous cheminons.

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Le sentier est pour le moment évident, mais il nous faut le quitter pour ne pas descendre au fond de cette vallée. Ici, les choses se compliquent passablement. Il y a bien un vieux balisage jaune, mais les marques de peinture sont soit trop espacées, soit manquantes. A la faveur d’une éclaircie, on aperçoit la cabane de Crusous qui nous indique notre direction, puis le brouillard s’intensifie. Nous trouvons facilement la base du couloir qui conduit au col, mais des restes d’avalanche ont détruit la suite du balisage. Les dégâts de l’avalanche sont impressionnants ; il y a des morceaux de pelouse arrachés du sol, qui recouvrent cette langue de neige, un vrai chaos de fin du monde. Inutile de dire que nous avons perdu toute trace menant au col. D’ailleurs, existent-elles ?

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C’est le GPS qui va nous remettre sur la voie. Cet appareil extraordinaire vous mène par la main dans toutes les situations. Nous parvenons au col à 15h22, dans un brouillard toujours aussi opaque. Ce col est un simple passage entre deux vallées et rien n’indique réellement sa présence. Alors comme il n’y a rien à voir, on enchaîne rapidement sur l’ultime descente de la journée, et quelle descente. Nous allons perdre quelques 1350m brutalement. Dans notre empressement, nous perdons à nouveau le pseudo sentier, et le GPS va à nouveau nous remettre dans l’axe de la pente. A notre décharge, il faut dire qu’il y a énormément de sentes de moutons à travers les pelouses, et que le balisage est quasi inexistant. Plus nous descendons, et plus le sentier est évident, nous permettant de marcher rapidement. Juste avant l’arrivée à la cabane de Saubé, nous sortons du brouillard, qui en fait, était seulement accroché aux cimes. Ici, nous choisissons de prendre la direction des anciennes mines de tungstène d’Anglade.

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Il n’y a que des bâtiments délabrés par le temps qui passe, et les imbéciles qui dégradent. On plonge en sous-bois, tantôt sous des hêtres, tantôt sous des tunnels de buis ; c’est tellement roulant que Yannick passe devant pour mener un train d’enfer afin d’arriver au plus vite. Ce sera chose faite à 17h43, où l’on débouche au centre du village de Salau, au son d’un accordéoniste qui anime l’unique bar local.

Nous nous installons au gîte qui nous héberge et prenons la décision de mettre un terme à cet Acte II, placé sous le signe des intempéries. La journée suivante devant impérativement se passer par beau temps, or de nouveaux orages sont annoncés. C’est donc une fin prématurée, mais prudente qui s’impose à nous. Mehdi ne tarde pas à faire son apparition. Nous sommes rassurés de le revoir plein d’enthousiasme et plein de questions. J’avais mal noté le lieu de rendez-vous, et le fait de ne pas se voir a accentué l’erreur. L’essentiel étant que tout se termine bien pour tous. Le lendemain Valérie viendra nous chercher au village de Salau, tandis que Mehdi, en autonomie, poursuivra son chemin un peu plus vers l’Ouest. Nous savons d’ores et déjà que nous reprendrons notre périple, dans un an on l’espère, ici même, en souhaitant enfin admirer les paysages si singuliers du Couserans.

 

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La journée en chiffres :

Temps de marche : 7h20 - Distance : 21 km - Vitesse : 3,1 km/h

Dénivelé positif : 1006 m - Dénivelé négatif : 2343 m

Altitude maxi : 2588 m - Altitude mini : 850 m

 

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06/02/2013
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