Etape 30 : Refuge de Pineta - Refuge de Goriz
Mardi 12 Juillet 2016
Etape 30 : Refuge de Pineta – collado de Añisclo – Faja de las Olas – Collado de Goriz o de Arrablo – Punta Custodia o Punta de Arrablo 2519m - Refuge de Goriz
Départ de Pineta à 6h45 après une bonne nuit réparatrice. Le ciel est bienbas, tout est gris sur les hauteurs. Il ne pleut pas mais qu’en sera-t-il dans les prochaines heures ? La première difficulté consiste à traverser le Rio Cinca pieds nus, qui ne nous prendra pas plus de 15 minutes et nous voilà sur orbite sur le GR11. On longe d’abord la falaise dans une forêt de buis géants. L’ambiance nous rappelle celle du film « Les Visiteurs » et on s’attend à rencontrer une sorcière à tout moment !
Mais la réalité est plus terre à terre et c’est un mur de 1200 mètres qui se dresse devant nous. Donc la pente se cambre brutalement. Ici il y a du rendement, pas de mètres inutiles, chaque pas est utilisé pour prendre de l'altitude. Sur un rythme constant mais jamais rapide, nous arrivons à la hauteur d’un premier balcon où une source est le prétexte à faire une vraie pause.
Lys Martagon
Nous allons tout là haut !
Le col est en vue, mais on ne pourra rien voir de plus au dessus du col. Le brouillard semble bien accroché sur les cimes. Nous franchissons la muraille à 9h55 en 2h58. Ici le vent est froid ; c’est la première fois que nous mettons les gants et un bonnet. On découvre par delà le col le premier canyon du secteur, celui du rio Bellos. Le temps de prendre quelques photos pour fixer l’ambiance fantomatique et l’on s’engage sur la vire sur notre droite, variante du GR11.
Collado de Añisclo
Le GR11 plonge dans le canyon et conduit au refuge que nous visons, mais ce serait au prix d’une perte de 700 mètres de dénivelé qu’il faudrait ensuite reprendre. Nous lui préférons la vire, plus technique mais nettement plus directe. C’est très bien balisé malgré l’âge certain de la peinture. L’itinéraire prend encore de la hauteur mais rien de comparable à ce que l’on vient de gravir. De l’eau coule de toute part sur le haut de la vire. Cela nous occasionne quelques douches froides au passage.
Puis arrivent 2 passages équipés de chaines mais celles-ci ne sont vraiment nécessaires, même en ce jour très humide. Avant de passer le second passage équipé, nous décidons de prendre le repas ici ; il est 11h08, cela fait 3h38 que nous cheminons. Nous sommes là aux premières loges pour voir passer des vautours, puis des randonneurs qui viennent à notre rencontre. Ils vont nous faire la démonstration que l’on peut passer cette courte cheminée sans l’aide des chaines qui baignent dans l’eau qui coule de la paroi.
Le brouillard vient de se densifier, la visibilité est pratiquement nulle. A 11h45 on se remet en marche et cette fois le sentier perd du dénivelé. Impossible d’envisager le moindre sommet de plus de 3000 mètres qui trônent au dessus de nos têtes, alors nous laissons les cairns qui indiquent le départ de la Punta de las Olas, et l’on reste sagement sur le sentier de randonnée. Le brouillard devient moins dense au fur et à mesure que l’on perd du dénivelé, il ferait presque beau en basse vallée. Au passage d’un cours d’eau où l’eau est limpide et cristalline, on aperçoit deux euproctes. Que c’est rare ! C’est un gros triton endémique des Pyrénées ; il est contemporain de l’époque des dinosaures. Sa peau grise est verruqueuse avec des pointes cornées. Il est le seul triton à posséder des ongles. Jeune, sa robe est vive et noire avec de grandes lignes jaunes au milieu du dos. Ce sera la pause photos animalière et l’on repart en mode randonneur contemplatif, le pas léger.
Lorsque nous arrivons au collado de Arrablo à 13h22 après 5h18 de marche, le brouillard semble se dissiper. Comme il nous reste du temps à perdre et de l’énergie à consommer, on se lance sur la pente du proche sommet qui domine le col. C’est une formalité accomplie à 13h41 [5h35]. La vue vers les canyons s’ouvre et se ferme sans cesse au gré du brouillard qui danse autour de nous. Pas de jolie photo, mais le plaisir simple d’un nouveau sommet presque gratuit. Nous prenons alors la direction du refuge tout proche, en profitant de tout ce qui nous entoure : marmottes, le premier isard de ce périple, et à nouveau des euproctes. C’est le moment de détente de la journée, de la traversée même. Pas de doute, nous sommes bien dans un parc naturel.
Le refuge est à deux pas
La belle vie
Nous arrivons au refuge de Goriz à 15h10 pour 6h36 de marche effective. Malgré l’absence du bleu du ciel pendant la majeure partie de notre marche, c’est une très bonne journée finalement. Nous constatons que l’ami Marc n’est pas là ; la consigne a donc été respectée, ne pas s’aventurer seul dans le secteur. Nous le retrouverons donc dans 24 heures en France. Le ciel finit même par se découvrir, laissant enfin voir la faille béante du canyon d’Arazas. Le refuge est vétuste, pas de douche chaude et les cabines de douches froides ne se ferment pas. Nous avons quelques heures avant le repas du soir, alors ce sera sieste et séance d’écriture pour moi, et photos animalières pour Yannick. C’est notre dernière soirée en altitude alors nous en profitons pleinement. Le repas est copieux, salade composée, puis pates en sauce tomate accompagnées de saucisses énormes et surtout bien grasses. Ce sera la saucisse qui aura raison pour la première fois, de l’estomac insatiable de Yannick. On frôlera même la crise de foie. Tous les dortoirs sont pleins, mais on trouvera malgré tout le repos. Si le beau temps s’installe demain, nous ferons une tentative d’ascension du Monte Perdido pour conclure dignement ce nouvel acte.
La journée en chiffres :
Temps de marche : 6h36 - Distance : 16,4 km - Vitesse : 2,4 km/h
Dénivelé positif : 1759m - Dénivelé négatif : 886m
Altitude maxi : 2708m - Altitude mini : 1239m
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