Etape 25 : Hospice de France - Refuge du portillon
Jeudi 7 juillet 2016
Etape 25 : Hospice de France – Pont de Penjat – chemin de l’impératrice – cirque de la Glère – port de la Glère – lac des Gourgoutes – Corona de Remuñe – vallée de Remuñe – portal de Remuñe – col inférieur de Litérole – vallon inférieur de Litérole – refuge du Portillon
Comme l’an passé, cette première étape qui ouvre l’Acte 4 va nous mettre rapidement dans l’ambiance en nous propulsant dans la haute montagne. Pour celui qui suit strictement la HRP, cette étape est celle reliant le refuge de la Renclusa à celui du Portillon et c’est déjà une étape considérée comme difficile, mais pour nous elle sera dantesque.
Nous reprenons donc la marche là où nous l’avions laissée en 2015, c'est-à-dire au parking de l’Hospice de France. Nous nous mettons en marche à 6h12 sous un ciel bleu et une température clémente. On remonte légèrement le vallon du port de Venasque jusqu’au pont de Penjat, puis l’on tourne à droite sur le sentier de l’Impératrice.
Ce sentier est magnifique, il ne dénivèle quasiment pas : c’est large, ombragé et le sol semble avoir été damé. Un régal pour un début de matinée. La découverte du cirque de la Glére est un premier choc esthétique. Fait de verdure avec de nombreuses cascades agrémentées de quelques névés, c’est un tableau harmonieux qui s’offre à notre regard. Mais c’est ici que s’arrête la promenade et que commence vraiment la haute montagne.
Cirque de la Glère et col du Sacroux tout à droite
Pour se hisser sur la partie supérieure du cirque, il va falloir prendre du dénivelé et de façon brutale. Heureusement, le sentier s’insinue habilement dans la raideur de pente. On trouve par endroit des murets de pierres sèches qui permettent de renforcer le sentier. A partir de 2000 mètres, de longs névés recouvrent une partie du sentier, mais la marche ne s’en trouve pas entravée. Nous parvenons au premier col de ce périple à 9h29, en 2h52. Nous mettons alors les pieds en Espagne et la vue s’ouvre alors sur le massif de la Maladeta. Quel tableau là encore ! Les glaciers sur les hauteurs, la forêt qui monte assez haut sur les pentes de cet imposant massif, et le bas de la vallée, si bas. Le port de la Glère est une fenêtre privilégiée sur le massif Aneto/Maladeta. A deux pas du port miroitent les eaux paisibles du lac des Gourgoutes, où se reflète la face austère du pic Sacroux.
Durant la montée du cirque
La pente est bien raide
Lac des Gourgoutes et massif de la Maladeta depuis le port de la Glère
Nous prenons la direction du fond de la vallée par un sentier parfaitement bien marqué. Nous croisons de nombreux marcheurs Espagnols partis à la découverte du lac. La descente est très fleurie ce qui contraste avec la partie rocheuse rencontrée au col. Le sentier débouche alors sur une route goudronnée mais nous la quittons en quelques minutes pour entrer sur notre droite dans le vall de Remuñe à 10h49. Cela fait 3h54 que nous marchons. Durant tout ce temps, la météo s’est sensiblement dégradée sur les hauteurs mais rien de menaçant ne vient encore nous perturber. La remontée de ce vallon en suivant son cours d’eau, se fait sans difficulté, du moins dans un premier temps, si bien qu’il nous parait raisonnable de prendre le repas à 11h40 au bord du torrent, car cela fait quand même 4h38 d’effort à présent. Hélas la pause sera de courte de durée car une pluie fine s’invite déjà sur nos têtes. Pas le choix, il faut nous remettre en marche dès 12h09.
Digitales pourpres
Gentianes jaunes
La suite de l’itinéraire ne pose pas de problème d’orientation puisqu’il faut remonter la vallée, mais des névés de plus en plus nombreux viennent couper le sentier et créer ainsi des obstacles dangereux. Heureusement la pluie ne durera qu’une heure. En arrivant sur un plat où le torrent se divise en plusieurs bras, il faut quitter l’axe du vallon pour prendre rapidement de la hauteur sur notre gauche. Il y a un sommet qui sert de phare à ce changement de cap, la Forca de Remuñe. La montée pour atteindre le portal de Remuñe est une succession de cuvettes à travers d’énormes pierriers stables. Il est d’ailleurs plus aisé de gravir les pierriers que les névés. Cette partie n’en finit pas et le portal semble ne jamais se dessiner. Par contre le décor qui nous entoure fait déjà haute montagne. Des murailles de roches sombres forment des remparts infranchissables que sont le pic de Remuñe au Sud et le pic de Maupas au Nord.
Forca de Remuñe à droite
Habitant permanent des lieux
Le portal de Remuñe se rapproche
Portal de Remuñe, au centre le port inférieur de Litérole
C’est un réel soulagement quand nous parvenons au portal de Remuñe à 15h03, matérialisé par un cairn, car cela ressemble plus à un plateau qu’à un col traditionnel. Ouf, 7h11 et ce n’est pas encore terminé. Nous sommes exactement sous la Forca de Remuñe que nous laisserons sur notre droite. Cette fois la neige est quasiment continue sur la suite de notre itinéraire, il est alors prudent de chausser les crampons, ce qui rendra en plus la progression plus efficace. Le col inférieur de Litérole, passage mystique de la H.R.P. car étant le col le plus haut de cet itinéraire, est alors à vue. En avant cap au Nord/Ouest toute.
Ibon Blanco de Litérole
Col inférieur de Litérole en vue
Crampons aux pieds et piolet à la main, ce couloir en neige encore dure qui se cambre de plus en plus, ne nous résiste pourtant pas longtemps. Enfin, car il quand même 16h29. Nous venons de franchir les 2983 mètres du col inférieur de Litérole après 8h16 d’efforts. Le second choc esthétique apparaît au-delà du col qui nous ramène en France pour la nuit. Les hauts sommets du Luchonnais nous sautent au visage. Des cathédrales minérales taillées dans la masse s’élèvent vers le ciel voilé. Quelle prestance que l’aiguille que représente le pic Lézat sur notre droite ! Quelle austérité que nous impose la face Sud du pic des Crabioules ! Avec ses neiges éternelles et ses cols qui comptent parmi les plus hauts des Pyrénées, ce cirque supérieur du portillon d’Oô est marqué du sceau de la haute montagne. On en reste sans voix par tant de beauté comme sortie du premier jour de la Terre. Nous reprenons nos esprits et engageons la descente toujours en crampons jusqu’au point le plus bas du vallon de Litérole. Par un sentier suivant une vire, nous arrivons au refuge du Portillon, perché au dessus du barrage du grand lac. Ce court sentier doit être emprunté avec attention car chaque faux pas plongerait l’imprudent au fond du lac, quelque 30 mètres plus bas.
Col inférieur de Litérole et pic des Crabioules
Pic Lèzat
Lac du Portillon
Nous arrivons au refuge à 17h47 après une bonne journée de 9h13 de marche effective. Quelle entrée en matière ! Un accueil chaleureux est réservé à chaque randonneur qui vient séjourner dans ce haut lieu des Pyrénées. Nous sommes enfin à l’abri quand à 18 heures un terrible orage que nous n’avions pas vu arriver, vient s’abattre autour du refuge. Durant une heure, la foudre et la grêle frapperont violement le secteur, jusqu’à rendre le sol blanc de glace pilée. C’est autant spectaculaire qu’effrayant de se sentir si vulnérable devant de tels éléments. Nous avons échappé d’un rien à une telle leçon d’humilité.
Ce soir, nous partagerons le repas et le dortoir avec un Allemand et ses 2 garçons qui parlent tous trois un français impeccable. Ce soir, il y a également la demi finale de championnat d’Europe de football qui oppose nos deux nations. Quelle ironie, nous qui sommes déjà si détachés du « monde d’en bas ». Une seule chose nous importe plus que tout : quelle météo nous réserve le lendemain. A cet instant, nous sommes à la moitié de la traversée. A 21 heures tout le monde se couche en souhaitant le meilleur pour la seconde moitié.
La journée en chiffres :
Temps de marche : 9h13 - Distance : 26,75 km - Vitesse : 3,5 km/h
Dénivelé positif : 2182m - Dénivelé négatif : 1075m
Altitude maxi : 2983m - Altitude mini : 1313m
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