Traversée des Pyrénées entre GR et HRP

Traversée des Pyrénées entre GR et HRP

Etape 42 : Port de Larrau - Col d'Arnostéguy

Mardi 21 Aout 2018

Etape 42 : Port de Larrau (1585m) – Pic d’Orhy (2017m) – GR12 – Leherra Lepoa (1527m) – Col d’Oraate (1307m) – GR12 – Col d’Arnostéguy (1236m)

 

Une longue journée nous attend, il était donc impératif de se mettre en mouvement le plus tôt possible. Nous quittons à trois le port de Larrau dés 6h48. Marc se joint à nous jusqu’au sommet de l’Orhy. Avec ses 2017 mètres, le pic d’Orhy est le premier « 2000 » qui pointe au départ pour celui qui vient de l’Ouest de notre longue chaîne de montagne, le dernier que nous rencontrerons avant l’océan. Une fière allure de grand sommet. Comme le décrit Jacques Jolfre en parlant de son versant Nord : « Avec son sommet aux plissements calcaires convulsés, porté comme une statue par un soubassement de mamelons tous revêtus de hêtres, il paraît austère et prêt à se défendre de toute ascension ». Mais en le prenant à revers depuis le port de Larrau, c’est par une marche agréable le long d’une crête qu’on s’offre ainsi facilement ce fier signal du pays Basque. Nous foulons sa cime à 7h38 par un temps superbe, et sans un souffle d’air. 50 minutes ont suffi pour s’offrir son panorama, où l’on reconnaît encore vers l’Est le pic d’Anie. Le pic d’Orhy émerge au-dessus de la mêlée des collines basques. Je citerai Louis Audoubert « Il est de ce fait le haut lieu emblématique pour les Basques, comme le Canigou pour les Catalans. » Dans le lointain bleuté, il est impossible de distinguer parmi la mêlée des collines, la moindre crête à suivre, et encore moins où nous devons nous rendre. Il n’y a pas d’autre choix que de suivre obstinément un sentier.

 

Lever du jour sur le pic d'Anie lointain

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Dans la montée, le sommet est celui du fond

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Sur le sommet du pic d'Orhy

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Nous quittons Marc pour la journée, avec un rendez-vous convenu pour 17 heures au col d’Arnostéguy. Nous suivons la crête jusqu’à la brèche du Zazpigain. Une arête effilée nous contraint à quitter la crête pour plonger dans les pentes raides du versant ouest de l’Orhy. Il s’agit de retrouver le GR12. Cette pente de verdure est vertigineuse, l’inclinaison extrême ; des crampons auraient été les bienvenus. Cela n’entame en rien notre enthousiasme, et une fois sorti d’affaire sur le GR12, nous allons pouvoir avancer vraiment.

 

La crête du Zazpigain

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Nous profitons même de la fraicheur matinale de la forêt d’Iraty. Nous allons mettre en fuite une compagnie de vautours fauves qui avaient passé la nuit sur les arbres .Ce long passage en forêt nous fait perdre du dénivelé progressivement jusqu’à la ferme d’Ibarrondoa à 9h20 [2h04], où les brebis partent au même moment sur les alpages. S’en suit une montée plutôt agréable le long d’un ruisseau qui nous amène en haut du col Leherra. Nous franchissons ce col à 10 heures [2h40], où un berger nous apprend que la belle toison des brebis n’a aucune valeur marchande, et qu’elle est brulée pour ne pas la donner. Triste constat ! Les panneaux indicateurs du GR12 sont parfaitement clairs, intelligemment documentés par de petits croquis, rassurants pour se guider en cas de brouillard. Nous allons dans la direction d’Azpegi qui est annoncé pour 22,7 km ! Ce n’est pas possible, pas aussi loin ? Pourtant, pas de doute, c’est bien là que nous allons nous confirme le berger, et plus loin encore.

 

Pic d'Orhy déjà loin

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Les sentiers sont parfaitement bien documentés

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Le sentier permet d’avancer vite, d’abord dans une forêt de hêtres, puis à travers des fougères arborescentes. Yannick ouvre la marche dans cette petite jungle. C’est très humide et de nombreuses toiles d’araignées se trouvent sur le passage. Entre la disparition de la sente dans les fougères et les arachnides, nous allons perdre notre chemin et arriver à la verticale d’un cours d’eau, avec aucun moyen pour le traverser à sec. Qu’à cela ne tienne, on se déchausse, et en avant direction l’autre berge. Nous avions déjà fait cela durant l’acte 4 après le refuge de Pineta. Mais ne sachant où l’on se trouve, un point carte, confronté au terrain qui nous entoure, sera obligatoire pour retrouver notre cap. Nous n’étions qu’à 80 mètres de la passerelle ; au moins, nous savons utiliser une carte et une boussole.

On enchaine sans transition par une terrible montée, avec un soleil de feu dans la nuque. Le dénivelé que nous venons de perdre, il nous faut aussitôt le reprendre. C’est le moment le plus rude de la journée. Heureusement, quand la pente se calme quelques 300 mètres plus haut, cela coïncide avec l’entrée dans le sous-bois, et la fraicheur qui l’accompagne. A deux pas du col d’Oraate, nous prenons le repas et la première véritable pause. Il est quand même 12h30, et voilà 4h40 que l’on arpente ces rudes pentes vertes. Nous sommes sous l’Occabè. Le sommet d’Occabè (1456m) est le type même des collines du Pays Basque : forêts sombres de hêtres et de sapins alternant avec des pâturages verdoyants et gras, panorama sur un océan de montagnes, de croupes arrondies.

 

Col d'Oraate il reste encore du chemin

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Dans notre dos le sentier et le sommet d'Occabè

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Après cette halte réparatrice, nous repartons de plus belle à 13h15, à la découverte de ces étendues de verdure. Dans la descente de la crête d’Urkulu, nous trouvons une source inespérée qui est la bienvenue. Elle vient de nous éviter une déshydratation, car la chaleur est à son maximum ; il n’y a pas d’ombre. Nous enchainons plus sereinement la suite, par une nouvelle descente en prairie jusqu’à traverser un cours d’eau par une passerelle. Sans le savoir, nous traversons à nouveau la frontière, et l’on remonte de plus belle le nouvel obstacle. Les balises du GR12 sont indispensables et remplissent bien leur rôle. Le tracé évite soigneusement la cime du Mendizar (1319m) en restant toujours de niveau. Inutile d’augmenter le dénivelé déjà conséquent.

 

Des bosses, toujours des bosses

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Une grande quantité de rapaces transitent au-dessus de nos têtes, ou d’une vallée à l’autre ; c’est toujours fascinant de les voir traverser si vite des vallées. Puis le sentier perd doucement de la hauteur à travers pelouse où pâturent vaches et chevaux. Le terrain permet d’avancer vite, mais la fatigue s’installe peu à peu. Nous arrivons à un croisement de pistes où il faut prendre une décision : col d’Orgambide et crête frontière ou nous restons sur le GR12 ? Nous sommes déjà en retard et nous ne pouvons pas prévenir Marc. La sagesse nous indique de rester sur le sentier qui ne nous a pas trahi. Nous traversons alors une sorte de tourbière où il y a quelques cromlechs, mais ce n’est plus l’heure à l’archéologie, il faut avancer vers l’Ouest. Un bout de forêt et voilà que l’on tombe sur des girolles par dizaine ! Incroyable ce qu’il y a comme girolles et impossible de les prendre, plus le temps. Pour calmer notre déception, et bien nous allons en manger toutes crues. Un fort goût de poivre mais quand on aime…La forêt succède à des nouvelles étendues d’herbe, le fameux point tant éloigné d’Azpegi est là, point zéro pour le bout de sentier que nous suivions, mais ce n’est toujours pas notre but final. Je marche comme un automate, le regard loin devant. Yannick dans mon dos m’interpelle, j’ai failli marcher sur une vipère, je l’ai d’ailleurs certainement touchée. Un beau spécimen qui ne cherche qu’à fuir, alors que Yannick veux lui tirer le portrait. Que de péripéties aujourd’hui ! Ce sera la seconde vipère croisée durant les 6 actes de la traversée. D’un pas lent mais régulier, nous gravissons l’ultime rampe du jour qui débouche au col routier d’Arnosteguy. Objectif rempli à 18h05, mais avec une heure de retard. 9h04 de marche plutôt soutenue. Nous avons traversé en largeur toute une carte 1/25000, c’est dire si la distance parcourue fut exceptionnelle. Marc est là, fidèle au poste, et impatient d’écouter le récit de notre journée. Seulement trois jours de marche, et déjà la fatigue s’accumule vite dans ce pays Basque. Nous descendons en voiture au gite où nous passerons la nuit. Pas le temps de prendre nos aises, le temps file trop vite. Ce soir ce sera un repas sur la Nive à Saint Jean Pied de Port, délicieux, tout comme la ville. Mais là encore, pas le temps de flâner, il nous faut du repos, du sommeil. La douche chaude au gite participe déjà à nous détendre pour mieux repartir demain. Déjà la moitié des journées passées sur cet acte qui en compte 6, et nous n’avons pas parcouru la moitié de la distance qui nous sépare de l’océan. La suite promet encore beaucoup d’acide lactique dans les muscles.

 

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La journée en chiffres :

Temps de marche : 9h04 – Distance : 33 km – Vitesse : 3,6km/h

Dénivelé positif : 1728 m – Dénivelé négatif : 2080 m

Altitude maxi : 2017 m – Altitude mini : 878 m


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31/08/2017
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