Etape 12 : Refuge de Joclar - El Serrat
Dimanche 27 juillet 2014
Etape 12 : Refuge de Juclar - refuge Cabana Sorda - Refuge Coms de Jan - col dels Meners - Pic Serrera (2912m) – col dels Meners - El Serrat
Nous allons réaliser durant cette journée, la quasi totalité de la traversée de la principauté d’Andorre, rien que ça. Le soleil accueille notre départ matinal à 7h50 Je tâtonne un peu pour trouver le chemin qui quitte le refuge, et une fois sur le sentier, tout devient évident, surtout que cela descend. Avec Yannick et Marilyn, nous partons en avance, Mehdi et Caro nous suivent à quelques minutes. On passe au niveau de la conduite d’eau venant du barrage, et l’on remonte sur notre droite en suivant des balises, parfois jaunes, parfois blanches et rouges, parfois jaunes et rouges. Il n’y a aucune norme, mais, l’essentiel est leur existence.
Nous grimpons une première rampe en herbe, ce qui va nous réchauffer rapidement. Puis, s’ensuit une courte descente et une nouvelle remontée. Il y a tellement de grenouilles au bord du sentier humide par la rosée matinale, qu’unanimement, nous baptisons le collet qui arrive par : la Collada de les Grañotes. Sitôt le col franchi, l’on surprend une marmotte qui ne nous a pas entendus. Nous ne le savons pas encore, mais ce sera la seule que nous verrons. Le sentier contourne le sommet de l’Alt de Juclar, à l’allure austère, puis il plonge littéralement dans le vallon opposé ; cela s’apparente plus à un chemin de sangliers qu’à un sentier de randonneurs. Nous arrivons au bord du torrent à 9h35. Ce torrent prend sa source au pied du Port d’Incles, et creuse une longue vallée jusqu’au village de Soldeu.
Nous traversons le ruisseau par une bonne passerelle, et nous suivons plus ou moins bien, le sentier qui remonte sur les contreforts du Pic d’Anrodat, sommet frontalier avec l’Ariège. Marilyn, avec sa bonne humeur légendaire, avance d’un pas léger et rapide, et sans difficulté, nous avalons les belles pelouses fleuries puis se déroulent sous nos pas. Que c’est beau, mais que c’est beau. On aperçoit au loin, les horribles cicatrices de la station de ski d’El Tarter, qui contrastent avec le côté sauvage et immaculé de ce versant de la principauté. Au détour du sentier, nous tombons nez à nez avec une petite cascade si belle, que son charme va nous distraire au point de perdre le sentier.
Cela va nous permettre de faire la rencontre d’un champ de lis des Pyrénées.
Erreur de courte durée, et nous revenons sur nos pas pour franchir la cascade, et atteindre le plancher de l’Estany de Cabana Sorda. Il est 10h48 alors que nous marchons depuis 2h26.
Si l’Ariège est le royaume du mouton, ici, ceux sont les chevaux qui occupent les pâturages ; il y en a partout, et en grande quantité. Leurs cloches viennent rompre le silence paisible de ces montagnes.
La montée se poursuit ensuite dans des pelouses fort raides, où l’absence d’ombre augmente la difficulté. Un premier faux col franchi, mais cela monte encore. On poursuit cette grimpette sur un terrain plus rocailleux, de plus en plus raide, jusqu’à franchir un autre col sans nom. Et là, comme diraient les catalans à la vue du paysage qui s’offre à nos yeux : c’est « BRRROUTAL ! » (bien prononcer tous les R). La vue est d’une beauté à couper le souffle ; pratiquement toute l’Andorre se dévoile sous nos yeux contemplatifs. Du cirque des Pessons, jusqu’à la lointaine Coma Pedrosa, c’est un florilège de sommets que l’on découvre pour la première fois.
On en finit pas de dire : « L’Andorre, que c’est beau !!!». Côté météo, les choses évoluent, et si le soleil était trop présent quelques minutes encore, ici un vent fort et froid nous oblige à nous couvrir d’urgence. Alors, blottis au raz du sol, on va se regrouper pour grignoter un peu et savourer ces paysages sur 360° que nous ne reverrons plus. Caro est derrière nous, alors que Mehdi caracole sur les cimes proches ; nous donnons une consigne à Carole sur la suite du parcours, et l’on plonge dans la descente. Au fur et à mesure que l’on perd du dénivelé, le vent s’essouffle, au point d’avoir à nouveau trop chaud. Mais comme l’heure avance, nous avançons également pour rejoindre la cabane de Coms de Jan afin d’y prendre notre repas. C’est chose faite à 12h50, ce qui représente pratiquement la moitié du chemin à parcourir en ce jour. Nous bouclons cette demi-journée en 4h14.
La cabane est un modèle du genre, comme il en existe de nombreuses en Andorre. Composée d’une cheminée, d’une table avec 2 bancs, on peut y dormir à 6 ou 8 personnes sur des lits avec matelas ; il y a à l’extérieur une fontaine, et à l’intérieur une armoire à pharmacie plus ou moins garnie, un vrai luxe à cette altitude. Un homme se trouve là et nous sympathisons vite. C’est un Toulousain parti le 15 juin de l’Atlantique, pour réaliser une traversée en solitaire, à presque 60 ans. Il nous fait part de ses mésaventures au Vignemale pour cause d’intempéries extrêmes, et des orages qu’il a dû affronter. Pour lui, la mer se rapproche, plus que 2 semaines, alors que pour nous, c’est toujours la grande découverte. On se souhaite bonne chance pour la suite et à 13h58, avec Marilyn et Yannick, nous reprenons notre marche. Nous laissons le couple à son repas lyophilisé, et nous les reverrons plus tard. Le sentier est d’abord plat, ce qui est agréable pour une reprise, puis il s’élève doucement. Comme nous prenons un peu d’avance avec Yannick, nous allons rendre visite au si bien nommé Estany Mort, où flottent de gros blocs de glace à sa surface. Subitement, le brouillard descend des sommets frontaliers, pour venir nous apporter un peu de fraicheur.
On retrouve Marilyn qui vient de nous doubler en silence, et l’on poursuit le sentier qui est pratiquement de niveau. Nous passons tout proche de l’Estany de Ransol, où la météo s’est passablement dégradée, mais pas au point de pleuvoir. Puis le sentier s’élève doucement d’abord, et de plus en plus. Chacun à son rythme, on s’élève jusqu’à la cabane en pierres des mineurs, dans le mini cirque des Mineurs. A notre droite sommeille l’Estanys dels Meners de la Coma.
Voilà 6h00 de marche et il reste encore beaucoup à parcourir. Mais comme il n’est que 15h50 et que nous nous trouvons si proches du pic de Serrera, avec Yannick, nous ne résistons pas au plaisir de gravir sa cime. Par crainte de brouillard, Marilyn va nous attendre au col dels Meners tandis que nous inclinons notre marche vers le sommet. La crête qui y mène est une jolie sente fleurie.
Décidément, cette journée n’en finit pas de nous surprendre par sa flore abondante, même au delà de 2800m. Le Pic de Serrera est gravi à 16h15 ; voilà un haut sommet qui culmine à 2912m, mais qui ne nous offre pas une vue plus intéressante qu’au col. Sur la France, le brouillard monte jusqu’à buter sur la ligne de crête frontière. Nous ne verrons rien du versant Nord du Serrera. Dommage !
Pendant notre retour au col, nous croisons Mehdi qui monte à son tour au sommet. Petit coucou et l’on rejoint Marilyn qui nous a attendu patiemment. On s’engage tous les trois dans l’ultime descente de la journée. La partie la plus haute est encore recouverte de pierres, mais plus nous perdons de l’altitude et plus les pelouses recouvrent l’espace. Des fleurs de plus en plus nombreuses vont colorer les abords du sentier. C’est comme un feu d’artifice, plus on avance et plus on en prend plein les yeux : une beauté indescriptible.
Des Iris des Pyrénées par centaines, des linaigrettes, des orchidées tachetées, des boutons d’or, ma connaissance s’arrête là, mais la richesse botanique de cette vallée est un enchantement, et nous y sommes sensibles unanimement. La vallée de Sorteny est un bijou fleuri.
Nous arrivons au refuge de Sorteny à 18h20 (8h11), où nous attend patiemment Marc, un ami qui vient récupérer Marilyn pour son retour en France le soir même. Nous faisons un bout de chemin ensemble, puis ils filent en voiture au village d’El Serrat, alors que Yannick et moi poursuivons à pied. Nous parvenons enfin à 19h08 à l’hôtel Bringué après 8h56 de marche. Quelle journée ! Nous partageons un dernier moment convivial avec Marilyn et Marc devant une bière, puis ils disparaissent en voiture.
Nous allons passer une soirée très huppée dans cet établissement trois étoiles, en décalage complet avec les refuges traditionnels, mais cette exception n’est pas faite pour nous déplaire. Un bain bien chaud nous fera le plus grand bien. Le repas ne sera pas à la hauteur du standing de l’hôtel ; c’est certes bien présenté, mais il y a trop peu à manger pour des ventres vides comme les nôtres. Mehdi et sa femme vont planter la tente dans un champ plus bas, et rendez-vous est donné pour un départ commun le lendemain.
La journée en chiffres :
Temps de marche : 8h56 - Distance : 24,2 km - Vitesse : 3,2 km/h
Dénivelé positif : 1546 m - Dénivelé négatif : 2290 m
Altitude maxi : 2912 m - Altitude mini : 1644 m
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