Traversée des Pyrénées entre GR et HRP

Traversée des Pyrénées entre GR et HRP

Etape 13 : El Serrat - Refuge de Vallferrera

Lundi 28 juillet 2014

Etape 13 : El Serrat - GRP - Llorts - Refuge d’Angonella – Pic de la Burna (2653m) – Collada de Montmantell (2649m) – Refuge du pla de l’Estany – Estanys Forcats – Collada dels Estanys Forcats (2745m) – Refuge de Baïau – GR11 - Pla de Bouet - Refuge de Vallferrera

Quand la HRP quitte la principauté d’Andorre par le port du Rat vers la France, puis entre en Espagne par le port de Bouet, j’ai fait un choix tranché, afin de passer par un sommet qui me paraissait incontournable, le toit de l’Andorre. C’est l’une des étapes les plus longues de cet Acte 2, mais aussi l’une des plus riches en paysages et étangs cachés. Mais pour que ce soit possible, il ne faudra pas de pluie, sinon nous devrons emprunter un autre itinéraire.

Après une excellente nuit dans l’hôtel, où nous avons eu trop chaud à cause du chauffage (!!!), la matinée commence mal. Il était convenu que nous prendrions notre petit-déjeuner à 6h, or la personne de l’hôtel ne nous attend pas si tôt, il ne parle pas français et nous ne parlons pas espagnol. Nous arrivons à nous faire comprendre malgré tout, et nous prenons enfin un petit-déjeuner frugal ; on récupère tant bien que mal les pique-niques, et nous partons pour le rendez-vous avec Mehdi et Caro. C’est à ce moment là que Yannick s’aperçoit avoir oublié des vêtements dans la chambre de l’hôtel. Il remonte chercher ses effets pendant que je retrouve Mehdi. Changement de programme pour le couple. Ils vont entrer en France par le port du Rat et Caro va nous quitter à Soulcem, alors que Mehdi nous donne rendez-vous pour la suite, dans 2 jours.

Avec Yannick, nous quittons le couple à 7h15 en suivant un large sentier, qui descend parallèlement à la route ; cela nous permet d’éviter le bitume. Nous perdons du dénivelé jusqu’au village de Llorts, rejoint à 7h54 ; cela nous aura pris 39 minutes d’échauffement. Première pause pour prendre de l’eau à la belle fontaine, et l’on s’engage sur le sentier qui monte aux Estanys d’Angonella. Un magnifique panneau annonce 3h40, le ton est donné.

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Côté météo, tout est gris au dessus de nos têtes, mais la visibilité est bonne. Une chose est certaine, nous ne verrons pas le soleil aujourd’hui. On monte donc, en suivant le large sentier (encore un !), partiellement pavé, et donc facile pour tous randonneurs. La pente est inclinée, constante, ne faiblissant pas. La prise de dénivelé n’en est que plus rapide, mais harassante. A 9h20, les premières gouttes tombent du ciel. Ce qui au départ ne ressemble qu’à une pluie fine, va vite se transformer en un vrai déluge. Pourtant, lorsque nous arrivons au refuge de l’Angonella à 9h40, il ne pleut quasiment pas. Nous n’avons mis que 2h02 pour l’atteindre. De nombreux chevaux sont là aux abords de la cabane. Nous faisons un point carte, au sec, et je ne me méfie pas de ce qui se prépare ; je reste en short avec une seule veste de pluie, et l’on repart.

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Après seulement quelques minutes, le vent se lève et la pluie se déchaîne. Nous montons plein Sud et le vent vient de cette direction. Heureusement, le sentier est bien indiqué et le sol n’est pas vraiment glissant. La pluie cingle nos corps, il pleut de plus en plus ; avec la prise de dénivelé, le froid vient saisir nos organismes fatigués. Pourtant le pire est à venir. Subitement, sans que rien ne l’annonce, un grand flash blanc illumine le secteur et 2 secondes plus tard retenti une déflagration. L’orage est parmi nous ! Il faut à la hâte retirer les piolets de nos sacs et les prendre en main.

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Il n’y a aucun abri proche, nous devons poursuivre notre ascension. De nouveaux impacts de foudre vont se faire entendre, parfois proches, parfois plus éloignés, augmentant ainsi le niveau de stress. Arrivés sur la crête, il nous faut quitter le sentier et gravir le pic de la Burna sur notre droite. Si par temps sec, cela n’aurait posé aucune difficulté, les amas rocheux qui recouvrent l’arête, rendent l’accès au pic totalement impossible, car trop glissant. Il faut feinter l’arête par le versant Sud/Ouest, mais c’est de là que vient le vent. Quand le passage le permet, je reviens sur le versant opposé Nord/Est. Je suis transi de froid, je tremble de tous mes membres et c’est absolument incontrôlable. Il fait à ce moment là 6°C, alors qu’il est 11h05. Yannick, mieux équipé, résiste mieux à cette intempérie. J’enfile rapidement un pantalon, puis un vêtement thermique sur le haut du corps, et nous repartons promptement. L’absence de roche rend la suite plus facile et donc plus rapide. Nous laissons sur notre gauche la cime du Pic de Les Fonts et l’on engage la descente vers la collada de Montmantell. Ici aucune difficulté, c’est dans l’herbe et rapide. La foudre est toujours là, mais elle semble l’éloigner. A partir du col, il n’y a aucun sentier mais c’est étonnamment facile. On plonge donc dans le vallon de Montmantell versant Sud/Ouest, dans un amas de terre et de petits éboulis ; descente facile, rapide et ludique.

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La pluie ne nous quitte pas, toujours aussi froide, toujours aussi abondante. Mon moral est atteint et heureusement que Yannick ne faiblit pas, sinon l’abandon serait proche. Ce qui devait être une belle étape de découverte, se transforme en un long chemin froid et humide. La belle montagne Andorrane ne veut voir personne aujourd’hui et nous le fait savoir.

Nous poursuivons notre descente en ayant retrouvé un sentier balisé de jaune, qui file à travers les pelouses de gispets, nous permettant d’éviter de nombreuses gorges creusées par le torrent de Montmantell. Nous arrivons sous des barres rocheuses où l’on trouve le GR11.1 qui n’est pas notre itinéraire, mais que nous allons suivre pour nous rendre au refuge du Pla de l’Estany. C’est une variante du GR11.

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Ce détour indispensable nous aura fait perdre 50 mètres de dénivelé. Il est 12h25 quand nous arrivons au refuge, où le feu brûle dans la cheminée. Une sympathique famille d’Allemands s’est installée et s’occupe de l’intendance du bois. Cet abri arrive à point nommé pour se sécher un peu, et manger au sec. Nous avons besoin de retrouver de l’énergie pour affronter la suite. On sympathise avec le seul Français qui est ici ; il rêve de grimper le toit de l’Amérique latine, l’Aconcagua, mais a perdu tous ces moyens devant cette pluie. Une drôle de rencontre pour un drôle de personnage ! Nous le baptiserons Aconcagua-man et lui souhaitons bonne route.

Après une bonne heure de repos indispensable, nous repartons sous la pluie à 13h35. Initialement, c’est ici que nous devions aller chercher en hors sentier, un accès au sommet du pic de Coma Pedrosa. Nous n’irons pas, il n’y aura pas de pic pour aujourd’hui. Nous remontons au croisement et l’on ne quitte plus le GR11. Heureusement que le sentier est bien balisé car il y a des barres rocheuses de toutes parts qui rendent le cheminement bien difficile à trouver, de premier abord. L’eau coule tout autour de nous, et cette abondance de torrents n’est que plus impressionnante.

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Après un passage un peu plus étroit, nous amenant aux Estanys Forcats, la pluie a enfin cessé de tomber, il est 15h10. Aux Estanys Forcats, il reste beaucoup de neige et nous allons chausser pour la première fois nos crampons 6 pointes. Durant ce moment au calme, nous découvrons qu’il y a de très nombreux rongeurs tout autour de nous, qui vivent dans les éboulis. Surprenante découverte qui prouve que la vie en haute montagne repousse toujours plus loin les limites de la survie.

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La traversée des névés gelés, avec les crampons ainsi que le piolet, s’en trouve nettement facilitée.

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Els Estanys Forcats

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Nous les garderons aux pieds jusqu’au franchissement de la collada dels Estanys Forcats à 16h05. C’est par ce haut col culminant à 2745m, que l’on fait un retour en Espagne, quittant définitivement la Principauté qui nous a tant enchanté.

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Je retrouve là un terrain connu que j’avais découvert un an plus tôt. Nous déchaussons les crampons et l’on descend vers le cirque de Baïau et ses splendides étangs. Quel dommage que le soleil ne soit pas au rendez-vous pour faire briller la surface limpide de ces miroirs d’eau ! Nous plongeons dans la descente et l’on évite le refuge qui est juché sur un promontoire rocheux.

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On retrouve le GR11 principal, qui arrive du port de Baïau, pour cheminer vers le pla de Boet. Le sentier peu marqué sur le terrain ainsi que la faible quantité de balises, fait que l’on peut perdre souvent son chemin. C’est ce qui nous arrive lorsque nous rencontrons des chevaux. Il faut rester en hauteur, et garder le torrent de Baïau loin en bas sur la droite. Nous marchons de bon train, et pourtant la descente nous paraît interminable, c’est long, c’est épouvantablement long. Plus on avance, et plus il nous tarde d’arriver. C’est avec un grand « Enfin ! » que l’on salut la première vision du refuge de Vallferrera, qui nous attend au terme de cette journée.

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Pourtant il est encore loin, et sur l’autre versant de vallée. Il faut vraiment descendre au fond du pla de Boet pour trouver un solide pont de bois qui permet de franchir le bouillonnant torrent. Il ne reste plus qu’à remonter encore moins de 15 minutes pour se rendre enfin au refuge. Il est 19h05 quand nous y arrivons. Le repas n’est servi qu’à 20h ce qui va nous laisser le temps de nous installer et nous réchauffer au bord du poêle qui ronronne.

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Le repas sera agréable, avec une tablée de Français accompagnés d’un guide de Foix qui nous fera partager son expérience de montagnard. Yannick nous fera une démonstration de son appétit légendaire, en engloutissant tous les fonds de plats ainsi que 4 râbles de lapin. Quelle santé ! Le gardien du refuge nous fait un point météo, qui n’annonce rien de bon pour la suite. Nous choisissons donc de dormir un peu plus longtemps, et partir plus tard puisque l’étape du lendemain le permet.

 

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La journée en chiffres :

Temps de marche : 8h59 - Distance : 24 km - Vitesse : 3,4 km/h

Dénivelé positif : 2030 m - Dénivelé négatif : 1685 m

Altitude maxi : 2751 m - Altitude mini : 1510 m

 

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12/06/2013
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