Etape 17 : Salau - Refuge des Estagnous
Samedi 4 Juillet 2015
Etape 17 : Salau - GRT - Port de Salau – Port d’Aula – col de la Pale de la Clauère – étang Long – étang Rond - Refuge des Estagnous
Après une bonne nuit sous tente proche de l’église du village, nous reprenons en ce samedi 4 juillet, jour de la saint Florent, ma traversée, là où nous l’avions laissée il y a un an pour cause de mauvais temps. Lever à 5h, le temps de ranger notre campement dans la voiture de Yannick qui restera sur place, nous prenons le départ à 6h15. Nous sommes à l’aube d’une très longue journée. La température n’est pas encore trop élevée, il faut donc avancer le plus possible tant qu’on ne souffre pas de la chaleur. On suit la route goudronnée qui remonte le cours d’eau jusqu’à essayer de trouver sur notre droite un sentier noté sur la carte qui change de rive. Malgré nos efforts, on ne le trouvera jamais. Après avoir perdu un peu de temps inutilement, on reprend la route goudronnée jusqu’à trouver le départ du GRT dans un large virage à droite. C’est dommage qu’il ne soit pas indiqué clairement au village. A partir de là tout devient plus évident, le GRT est parfaitement balisé. Au passage du franchissement du torrent pour changer de rive, on découvre les restes d’avalanches qui obstruent le sentier. Ces restes de neiges glacées sont réellement impressionnants et reflètent parfaitement les dégâts qu’occasionnent de telles avalanches dans ce secteur.
Nous traversons sur un pont de neige et l’on s’enfonce dans une forêt de hêtres et de frênes. La prise de dénivelé se fait en douceur sur un superbe sentier parfaitement balisé alors qu’il n’y a pas de doute possible. Vers 1450 mètres, nous quittons la forêt définitivement, et ce pour plusieurs jours. Cette fois le sentier se redresse un peu plus pour avaler la pente abrupte qui nous fait face. On approche des zones d’estive, et l’on traverse le premier et non le dernier troupeau de vaches de la journée. Puis, guère plus haut, c’est un troupeau de moutons qui se trouve à la cabane de Pouill là avec les bergers et les chiens, en plein travail de regroupement. Ce spectacle nous fait oublier que la pente, associée au soleil déjà chaud, est rude. Sans perdre notre rythme, on monte toujours plus haut vers le premier col que l’on aperçoit enfin. On laisse sur notre droite une magnifique cabane de berger qui s’intègre parfaitement dans le paysage, avec son toit d’herbe en forme d’ogive. Il y a également sur la gauche du vallon, des vestiges de pylônes ayant participé dans un passé lointain à l’exploitation de la mine de Salau.
Le sentier fait quelques lacets pour atténuer la pente, mais on a tout aussi vite fait de prendre tout droit. A 9h20, nous atteignons le port de Salau en seulement 3h02 de marche. Pas mal pour un début avec déjà un peu plus de 1100 mètres de dénivelé positif. Il est temps de s’accorder la première pause, adossés aux ruines des bâtiments miniers. Nous sommes sur la frontière franco-espagnole. La vue vers l’Ouest, que nous offre ce col frontalier, est splendide. Au tout premier plan, le sommet qui attire immédiatement le regard est le mal connu pic de Roca Blanca si bien nommé, tant la roche qui le compose est claire. Au loin, c’est le massif des Besiberris avec ces longs névés qui élève ses cimes de plus de 3000 mètres vers le ciel bleu. Et encore plus à l’Ouest, le pic d’Aneto attend notre venue dans 6 jours. Mais que cela paraît loin vu d’ici !
Au centre le pic de Roca Blanca
Nous reprenons notre marche en versant Ouest, donc en Espagne, en restant le plus de niveau possible. Il y a d’ailleurs quelques belles sentes de vaches que l’on peut suivre. Un balisage jaune est même présent ; il n’y a qu’à le suivre jusqu’au port de Aula. C’est long, mais sans difficulté. Comme le beau temps s’est invité durablement, on profite pleinement de ces nouveaux paysages que l’on découvre. A 11h33 nous arrivons sous le port de Aula qu’il n’est pas nécessaire d’atteindre pour nous puisque nous restons en versant Espagnol. On fait donc l’économie de 80 mètres de dénivelé, pour se poser au bord d’une mare boueuse, afin de prendre le repas. Le soleil chauffe drôlement nos oreilles. Des chevaux se trouvent au col, tels des douaniers qui contrôleraient les marchandises. Nous avons marché 4h40 durant cette matinée, et nous ne sommes qu’à la moitié de l’itinéraire prévu ; le plus dur est devant nous. On s’octroie une heure de repos, et à 12h35, c’est reparti vers l’inconnu.
En effet, à partir de là, il n’y a pas plus de sentier qu’il n’y a de balisage. De temps à autre, nous trouvons les vestiges d’une trace de peinture si vieille qu’on s’amuse à la croire du néolithique. Jusque sous le col de Tindareille, magnifique entaille dans la muraille de roche noire, pas de difficulté particulière, notre flair ne nous trahit pas. Mais après ce col, la pente herbeuse est vraiment prononcée, et il nous faut la parcourir en dévers, un supplice pour les chevilles. On trouve une énième balise magdalénienne au pied d’une crête, puis plus rien. On monte jusqu’à la crête mais on arrive sur une impasse. Il y a un couloir trop raide sur l’autre versant, et la crête est trop découpée pour être parcourue par deux randonneurs. Il faut se résoudre à redescendre dans ce terrain épouvantablement raide, où de nombreux blocs de granit ne demandent qu’à nous froisser les côtelettes. On va chercher au mieux un passage sur cette arête et l’on change de versant. Ce n’est pas mieux ici non plus. Nous avons perdu 100 mètres de dénivelé. Il faut à présent passer de nombreuses barres rocheuses dans du gispet glissant. Ce n’est pas le meilleur moment de la journée et nous perdons un temps précieux. La concentration sous ce soleil ardent est fatigante. Heureusement, nous ne manquons pas d’eau dans ce secteur. Peu à peu nous perdons encore 50 mètres pour arriver au fond d’une combe remplie de neige bien dure. Finie la galère, enfin presque ! Quelques isards peu farouches semblent amusés par tant de gaucherie ; ils ne prennent même pas le temps de fuir, trop occupés à se rafraichir, couchés sur les névés. Ici il faut prendre une décision pour la suite de l’itinéraire. Le refuge se trouve de l’autre côté de la crête fracassée. Nous devons franchir le pic de la Pale de la Clauère, puis suivre une nouvelle arête réputée difficile jusqu’au col de Peyre Blanc, puis encore monter le petit Valier et rattraper le col Faustin. Il est déjà 15 heures bien passées, un peu tard pour partir dans un nouveau rallye sans aucune connaissance de ce terrain délicat. J’opte pour une solution d’évitement plus raisonnable, le col de la Pale de la Clauère. Cette solution a l’avantage d’être parfaitement évidente à vue. Nous allons jusqu’à la cabane de l’étang de la Clauère rattraper le sentier du GRT qui conduit au col et en quelques lacets nous voilà rendus au col frontière. Il est 15h50, une heure raisonnable pour se restaurer, d’autant que nous avons 7h36 de marche dans les jambes.
Les barres rocheuses d'où nous venons
On bascule à nouveau en France par ce col, qui semble plonger tout droit dans l’étang Long. C’est un long couloir encore rempli de neige et déjà le piolet va nous être utile. La neige est quand même assez molle pour ne pas glisser ; c’est même plus agréable de dévaler ce long névé que de descendre sur le pierrier qu’il recouvre. L’étang Long est vraiment impressionnant avec ces banquises disloquées qui dérivent à la surface.
Au déversoir de celui-ci apparait sur le versant opposé au notre, le refuge des Estagnous où nous faisons étape. On se trouve au même niveau que celui-ci, mais un trou dans lequel se trouve l’étang Rond nous sépare. Il va falloir encore puiser dans nos ressources énergétiques pour perdre 200 mètres et remonter 300 de plus.
Etang Rond
La descente est vraiment surprenante de difficulté. De grosses entailles entrecoupées de dalles forment comme des gorges où il y a des câbles pour sécuriser l’accès. On se croirait parfois sur une via ferrata. C’est au niveau de l’étang Rond que l’on trouve les premiers randonneurs du jour qui montent en direction du Mont Valier. L’ultime ascension du jour me met un peu à genoux.
Chaque torrent est employé à mouiller la casquette pour se rafraichir. L’arrivée à 17h59 au refuge des Estagnous, sous la face Ouest du Mont Valier est un véritable soulagement. Mais que de monde ici, quel choc ! Le refuge a fait le plein pour le week-end. On va déguster avec un plaisir certain notre première bière. Bien que le point culminant du jour ne fût pas bien haut, à peine 2400 mètres, le relief très accidenté et la rudesse des pentes, ont rendu cette journée bien usante. A n’en pas douter, les versants ariègeois ne sont comparables avec aucun autre dans les Pyrénées.
A 19h le repas est servi dans un joyeux brouhaha. On partage la table avec 3 sympathiques Catalanes, ce qui me permet de pratiquer cette langue que je parle si peu. Le repas se compose d’une soupe copieuse de légumes, puis d’un plat de riz avec des manchons de canard. Quelle bonne surprise à 2245 mètres, un délice. Cela aura rassasié nos organismes qui en avaient grand besoin. La soirée passe bien vite et nous partons nous coucher à 22 heures, pour un lever prévu à 7 heures.
Nous avons eu tout le long de la journée, de longues pensées positives pour Caroline qui était avec nous l’an passé, avec Mehdi, et qui se bat courageusement face à une vilaine maladie.
La journée en chiffres :
Temps de marche : 9h26 - Distance : 27,3 km - Vitesse : 3,4 km/h
Dénivelé positif : 2330 m - Dénivelé négatif : 1025 m
Altitude maxi : 2500 m - Altitude mini : 850 m
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