Etape 19 : Montgarri - Refuge de Saboredo
Lundi 6 Juillet 2015
Etape 19 : station de ski Baqueira/Beret – cirque de Baciver – Pas de la Ferradura – Tuc de Marimanha – Tuc de Rosari – Horqueta d’Arreu – col 2391m – coll de l’Estany Pudò – Port de la Bonaigua –vallée de Saboredo – Refuge de Saboredo
Lever à 6h15 pour un petit déjeuner à 6h30, nous devons patienter afin que le personnel, qui a fait un effort spécialement pour nous, nous serve les boissons chaudes. Nous quittons le sympathique sanctuaire en voiture, Marc nous dépose donc à la station de ski de Baqueira-Béret à 1880 mètres. Nous laissons dans la voiture les crampons et le piolet qui ne nous serviront pas, et à 8h05 on démarre cette journée. La particularité de cette étape est que nous allons marcher du Nord vers le Sud ; rien de logique pour Yannick, mais il n’y a gère le choix dans cette partie du massif. Nous empruntons un sentier parfaitement balisé qui nous amène sans problème à l’Estany de Baix de Baciver en 46 min (8h57).
Le soleil chauffe déjà fort. Toujours en suivant le sentier, nous arrivons à l’Estany de Baciver à 9h30, pour seulement 1h15 de marche. Ces étangs où pâturent quelques chevaux et leurs poulains, sont un prétexte à une promenade familiale.
Il faut se retourner pour voir dans notre dos le massif de l’Aneto briller de tout son éclat. Le glacier, bien que moribond, a encore fière allure vu d’ici.
Nous apercevons quelques isards au fond du cirque, au Nord, et cela va attirer notre marche. On vise un couloir de blocs de pierres, puis herbeux, pour arrive à un col, le Pas de la Ferradura. On se trouve entre les sommets du Cap de Marimanha et le Tuc de Marimanha.
Le cirque et ses étangs vus du col
Ici le vent souffle légèrement, apportant une fraicheur inattendue. On se couvre et l’on se lance sur l’arête d’un niveau PD+ jusqu’au Tuc de Marimanha. Cette fois, on met le cap au Sud/Est. Il y a quelques pas de III et il faut en permanence rester sur le fil de l’arête. Il n’y a pas de très grosses difficultés, encore que, mais il faut rester vigilant. Cela va ralentir notablement notre progression.
Nous arrivons au sommet du Tuc de Marimanha à 11h28, après 2h57 de marche. On peut dire que nous sommes en retard sur le temps prévisionnel. Mais du haut de ce modeste sommet inconnu pour la majorité des gens qui parcourent les Pyrénées, on peut dire que la vue que dispense cette cime de 2679 mètres est une vraie récompense. Le panorama est exceptionnel, allant de la Pique d’Estats à l’Est, jusqu’au Néouvielle à l’Ouest. Nous pouvons même voir l’itinéraire du premier jour depuis le port de Salau, jusque sous le Mont Valier qui ne quitte pas notre champ de vision depuis 2 jours. De ce sommet, on domine également un pierrier incroyablement vaste, du côté des étangs d’Airoto ; c’est peut-être le pierrier le plus étendu de toute les Pyrénées. Avec ses vagues façonnées durant la dernière glaciation, il n’incite pas à s’y rendre dessus. Nous profitons pleinement de ce sommet, car il est fort probable que nous n’y reviendrons plus jamais.
Vue vers le Nord sur le Mont Valier
La suite à présent se trouve plein Sud, enfin, en suivant toujours le fils de la crête, parfois étroite et scabreuse, parfois large et herbeuse. Mais l’heure tourne et les forces s’amenuisent. Il nous faut prendre le repas sous un soleil de feu, mais avec un ciel bleu profond. Il est 12h25, et cela fait 3h40 que l’on chemine. C’est à la base du Pic de Rosari que l’on se restaure et le pique nique acheté à Montgarri sera vite avalé. Le soda sucré est le bien venu, ainsi que les deux oranges mais le sandwich au jambon aurait mérité un petit supplément. La chaleur est terrible et la soif se fait sentir.
On se remet en marche à 13h20 ; la montée du Tuc de Rosari est une formalité réalisée en 20 minutes seulement, portant notre temps de marche à 4h exactement. On ne fait que passer car le chemin qui doit nous conduire au refuge est encore très long. Contre toute attente, la descente de ce sommet est délicate, nous ralentissant encore. Mais il en faut plus pour altérer notre bonne humeur communicative. Yannick se régale même à suivre le strict fil de l’arête. Pendant ce temps, les isards font la sieste sur des névés, tout proches des chevaux qui ne quittent pas les berges des estanys de Baciver. L’endroit serait prétexte à la contemplation si nous n’étions pas si loin de notre but. Nous arrivons au point le plus bas de cette crête, le col de Horqueta d’Arreu à 14h30. Déjà 4h40, et nous sommes à la moitié de l’itinéraire. On trouve à ce col un sentier, que l’on suit au mieux, mais que l’on doit quitter rapidement car il file droit sur l’étang de Garrabea qui n’est pas notre destination. Nous trouvons un névé providentiel qui va nous fournir un filet d’eau pour étancher notre soif et refaire des réserves d’eau. C’est là que l’on traverse un pierrier assez conséquent ; chaque bloc de pierre doit peser plusieurs tonnes. A vue, on évolue assez bien sur cet enchevêtrement de roche, où seules quelques dépressions thermo-karstiques ralentissent un peu cette traversée. C’est même plutôt rapidement que l’on va trouver la sortie de ce labyrinthe minéral.
On vise un col sans nom côtè 2391 mètres. Sur notre route, on passe au bord d’un étang sans nom lui aussi ; ils sont si nombreux dans le secteur qu’il a manqué’ d’imagination pour les baptiser tous. Nous franchissons le col et l’on retrouve un sentier que l’on s’empresse de suivre. Ici les sentiers ne sont pas balisés, on ne sait pas d’où ils viennent et où ils mènent. Dans notre cas, cette sente permet de contourner pratiquement de niveau, la cuvette où se loge l’estany Pudò. Il y a un magnifique laquet en forme de cœur du plus bel effet.
Nous passons le col de l’estany Pudò, non sans laisser échapper un regard en arrière pour contempler une dernière fois, ces vallons confidentiels qui paraissent loin de toute civilisation. En effet, nous n’avons croisé personne depuis Marc ce matin.
On file à présent dans ce nouveau vallon où les sentiers sont pratiquement illisibles. Le plus perturbant est la présence ponctuelle de plusieurs sentiers, qui disparaissent aussitôt quelques dizaines de mètres plus loin. Du jamais vu ! Et toujours pas la moindre marque de peinture, c’est à se demander où l’on va ! On se présente quasiment 200 mètres au dessus du col routier du Port de la Bonaigua, d’où l’on aperçoit les voitures transiter, et aucun sentier pour s’y rendre. Quand soudain enfin un, et puis finalement non. Il faut composer avec une pente est très raide. Cette courte descente n’est pas agréable et doit faire l’objet d’attention pour ne pas chuter. Nous arrivons au fameux Port de la Bonaigua à 17h10, après 6h58 d’efforts. On se pose fourbus au col, enfin ça c’est fait ! La journée a été bien remplie jusqu’ ici, mais il reste encore un gros morceau et pas des moindres, 200 mètres de dénivelé à perdre et 500 autres à gagner. On perd encore un peu de temps à chercher le départ du sentier qui doit descendre dans la vallée de Saboredo. Le sentier existe mais il n’arrive pas exactement au col, il se perd dans la pelouse. Une fois celui-ci trouvé, enfin tout devient plus simple.
Nous trouvons même un torrent providentiel pour remplir nos gourdes vides. Une fois réhydratés convenablement, ce n’est pas les rayons encore ardents d’un soleil brulant qui vont nous décourager. La perte de dénivelé est rapide et il est 18h quand nous nous présentons devant le panneau indiquant le point de départ de la vallée de Saboredo. Cette fois, c’est sur sentier parfaitement balisé, que les randonneurs sont conduits au refuge éponyme. L’heure nous préoccupe. A quelle heure le repas sera servi ? Si c’est 19 heures, nous n’y serons pas, si c’est pour 20 heures, alors c’est encore possible. On vise cet horaire car de toute façon, nous n’avons plus l’énergie pour avaler 500 mètres de dénivelé en une heure. De plus, le large sentier pavé n’est pratiquement pas incliné sur la première partie, ce qui nous fait de la distance sans prise de hauteur. A présent, nous comptons sur Marc qui se trouve déjà sur place, pour excuser ce retard involontaire. Le soleil est implacable et cette ultime montée ne semble pas finir. Les yeux rivés sur l’altimètre pour évaluer le dénivelé restant et donc le temps qui va avec, nous nous réjouissons même quand la pente se redresse enfin.
Il est 19h40 quand nous arrivons au charmant petit refuge de Saboredo, accueilli par un Marc soulagé de nous savoir sortis d’affaire. Cela nous aura pris 9h12 pour venir à bout de cette journée marathon, et pourtant, nous n’avons pas parcouru de distance extrême, ni gravi de dénivelé de plus de 2000 mètres ; néanmoins, entre l’arête du Marimanha et le pierrier de Garrabea, le terrain ne nous était pas favorable pour avancer vite. L’option voiture de Marc était bien la meilleure. Le repas fut servi à 19 heures, mais le gardien ne nous tient pas rigueur de ce retard et nous permet même de nous laver à l’eau chaude avant le second service, spécialement pour les deux frères. Le refuge est plein ce soir et on se félicite des réservations.
Après une bière indispensable, le repas qui va suivre est aussi original que surprenant. Une soupe de lentilles écrasées, puis un chapati avec une sorte de mixture aux légumes nous sont servis. C’est excellent. Une verrine de fromage blanc conclut le repas. Cela clôture de bien belle manière cette journée de traversée réellement originale. Nous nous couchons à 22 heures dans l’unique dortoir qui héberge pour la nuit 25 personnes. Face à une baie vitrée ouverte à la vue des contreforts du Tuc Gran de Sendrosa, la nuit peut commencer.
La journée en chiffres :
Temps de marche : 9h12 - Distance : 24,5 km - Vitesse : 3,1 km/h
Dénivelé positif : 1630 m - Dénivelé négatif : 1230 m
Altitude maxi : 2679 m - Altitude mini : 1818 m
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 62 autres membres