Traversée des Pyrénées entre GR et HRP

Traversée des Pyrénées entre GR et HRP

Etape 44 : Les Aldudes - Col de Lizarrieta

Jeudi 23 aout 2018

Etape 44 : Les Aldudes – Col de Berdaritz (691m) – Col Basagar – Elbete – Col d’Atxuela (725m) – Collado Also (543m) – Col de Nabarlatz (524m) – Col de Lizarrieta (441m)

 

Nous sommes à la veille de la fin de la traversée, là où les montagnes de l’Ouest sont les moins hautes, pourtant nous sommes à l’aube de l’une des étapes les plus longues qu’il nous ait été donné de parcourir depuis la Méditerranée. Elle est fortement orientée Sud/Nord-Nord/Ouest, autre particularité pour nous qui marchons vers l’Ouest. Nous avons au menu du jour ni plus ni moins que deux journées en une. En effet, j’ai choisi de suivre le tracé du Trek des Pyrénées, mais les deux étapes proposées par ce topo ne sont pas équilibrées, pour cause de difficulté d’hébergement. La première se résume à 3h30 pour 11,5 km, et la seconde plus conséquente de 7h50 pour 25,5 km ; il va falloir faire entrer tout cela dans une journée de fin août. Départ à 6h55 sous un ciel gris et humide, comme il y en a souvent dans ces vallées Basques ; temps finalement parfait pour avancer vite et loin sans se déshydrater. Pour la vue sur les collines verdoyantes, il faudra repasser.

 

Les Aldudes dans la brume, paysage habituel

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Nous suivrons le GR5 jusqu’au village d’Elbete. Le GR monte immédiatement et brutalement en suivant routes communales et pistes, pour déboucher au col frontière de Berdaritz. La première côte du jour est avalée en 46 minutes, il est 7h41. Nous basculons pour le reste de la journée en Espagne. Le sentier ondule le long de collines et passe par de nombreuses fermes plus ou moins à l’abandon, appelées bordas. Il n’y a aucune difficulté à suivre le sentier, seule l’orientation dans ce brouillard pourrait poser problème, mais les balises sont là pour éviter de se perdre. Nous arrivons enfin au charmant village d’Elbete, sur la place de l’église à 10h10. Il ne nous aura fallu que 2h55 de marche effective. Cela va nous permettre de faire le plein d’eau à la fontaine et s’octroyer une pause grignotage, avant de repartir pour la seconde étape plus musclée.

 

Col de Berdaritz

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Elbete

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10h40, il faut remettre ça. A présent, ce sera le guidage du GR12 qui sera notre fil conducteur. Nous avons l’habitude de le suivre depuis plusieurs jours, nous savons qu’il est sûr et propre. Une fois la route nationale traversée, nous reprenons de la hauteur en suivant une route qui passe proche d’un ball-trap. Cela nous amène rapidement au plano de Amezti à 11h43 [3h58] ; c’est une aire de pique-nique avec fontaine où l’on y rencontre des chevaux. Nous quittons le goudron pour une piste en terre. Il faut encore prendre un peu de hauteur, mais en faux plat. Toujours dans le brouillard, la visibilité est réduite à quelques dizaines de mètres. Cela enlève toute notion de perspective et de distance. Notre univers se résume à celui de la balise immédiate jusqu’à la suivante ; c’est limité mais suffisant pour avancer. Un nouveau col est franchi, celui d’Iñaberi, à 12h29 et déjà 4h40 de marche. Là encore, des chevaux s’occupent à brouter l’herbe encore verte des collines locales. Nous profitons pour avancer encore avant le repas, tant qu’il ne pleut pas. Il est 13h05 quand nous passons au col d’Atxuela. Nous décidons alors de prendre du repos et des forces [5h13]. Voilà une demi journée de marche qui n’a pas entamé ni les forces mentales, ni les forces physiques. Pendant le repas, un vautour fauve va passer si proche au-dessus de nos têtes, que nous entendrons sa trainée dans l’air. Un moment rare de partage avec le monde animal. Le seigneur des airs a du mal à prendre de la hauteur dans une telle humidité.

 

Le chemin des bunkers

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Aujourd’hui, pour cause d’impossibilité de réservation de couchage au col de Lizuniaga comme le propose la H.R.P., j’ai dû réserver au camping du village de Sare, mais à 300 mètres d’altitude, et surtout bien bas dans la vallée. Cela nous imposerait une marche interminable, en arrivant à pas d’heure, d’autant qu’il n’y a aucun moyen pour se restaurer aux abords du camping. Marc s’est gentiment dévoué pour trouver des lieux où il pourrait nous récupérer en voiture. Comme nous sommes encore en bonne forme et pas vraiment entamés, nous choisissons de nous faire récupérer au col routier de Lizarrieta, plus direct ensuite en voiture pour rejoindre notre toit du soir. Rendez-vous prévu pour 17 heures. Nous donnons les consignes par la messagerie d’internet, et nous reprenons la marche avant 14 heures. La suite de la journée consiste principalement à perdre un peu de dénivelé, mais surtout avaler des kilomètres sur de bonnes pistes forestières.

 

Au milieu des fougères arborestes

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Ciel toujours gris mais pas franchement menaçant, il semble évident que nous échapperons à la pluie. Les heures passent, une montée succède à une descente, juste des rampes courtes, mais le dénivelé total s’accumule. Après une hésitation à une borda, nous partons enfin vers la frontière. C’est avec stupeur que nous trouvons la borne 50 au col de Nabarlatz, la première à deux chiffres comme le fait remarquer Yannick. Il est 16h26 [7h45]. Nous tiendrons le délai. C’est pratiquement de niveau que nous allons chercher le dernier col du jour. Nous passons sous la crête frontière pour avancer plus vite. Nous suivons tout un ensemble de palombières ; cela ressemble à une ligne Maginot pour oiseaux migrateurs, c’est triste à voir. Il y en a une en pierres qui s’apparente plus à une tour à signaux qu’à ces cachettes pour abattre sournoisement les palombes.

 

C'est ce qui s'appelle être à cheval sur la frontière, au col de Nabarlatz

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Palombière proche du col de Lizarrieta

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Enfin 17h05, nous parvenons au col de Lizarrieta, point de rendez-vous avec Marc. Fin de cette longue étape parcouru en 8h17, et c’est devant une bière locale à la cerise au bar du col, que nous refaisons l’histoire de cette longue journée. Elle fut longue en kilomètres, mais pas si éprouvante que nous l’avions craint. La qualité roulante du terrain y est pour beaucoup ; je suis moins marqué par la fatigue que certaines étapes des Pyrénées Centrales. Peut-être aussi que mon organisme est entré dans un mode d’endurance permanent, et accepte mieux les épreuves, jour après jour.

Camping la Petite Rhune à Sare, une chambre est réservée exclusivement aux randonneurs ; nous la partagerons avec deux jeunes hommes qui débutent sur le GR10. Décrassage, refaire le sac, et nous partons manger en « ville » pour fêter la dernière soirée ensemble. C’est autour d’un excellent repas local que nous allons refaire la traversée, en évoquant par le jeu des plus et des moins, les moments marquant de ma traversée atypique. Etape la plus longue, la plus courte, la plus belle, la moins passionnante, le plus bel étang, le pire souvenir, tout y passe. Que de souvenirs, quelle richesse gagnée à la sueur de nos fronts, à la force de nos mollets. Très belle soirée où l’on voudrait que le temps s’arrête, mais il reste encore une ultime journée de marche, et la pluie est attendue pour conclure cette traversée. Il faudra une nouvelle fois se lever tôt car la dernière journée ne sera pas un cadeau.

 

 

 

 

La journée en chiffres :

Temps de marche : 8h17 – Distance : 34,5 km – Vitesse : 4,2 km/h

Dénivelé positif : 1359 m – Dénivelé négatif : 1286 m

Altitude maxi : 806 m – Altitude mini : 211 m


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31/08/2017
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